Un débat s’est engagé dans ce blog avec les intervenants. Quelle réforme faut-il demander des musulmans? Une telle réforme est-elle possible? Certains n’hésitent pas à demander tout simplement l’interdiction de l’islam, en Occident, jugeant qu’il n’est pas possible de le réformer.
Je souhaite ici conter une expérience personnelle. Je connais une femme égyptienne (Seham Saneya Abdel-Salam), médecin et anthropologue, depuis une quinzaine d’années. Elle fait partie avec moi des responsables d’un groupe contre la circoncision masculine en arabe.
Nous discutons ensemble sur facebook concernant l’avenir de l’Égypte et nous partageons pratiquement les mêmes idées:
– suppression de la phrase “Islam religion de l’État” de la constitution qu’elle qualifie de fasciste
– l’égalité de l’homme et de la femme, y compris dans l’héritage
– l’égalité entre musulmans et non-musulmans sur tous les plans, y compris le droit de la femme musulmane d’épouser un non-musulman
– liberté religieuse, y compris le droit du musulman de quitter l’islam
– non retour aux normes islamiques dans le domaine pénal: lapidation, etc…
Elle qualifie ces normes de normes du passé auxquelles on ne doit pas se soumettre. Elle a lancé quelques jours avant la révolution égyptienne l’idée que les femmes égyptiennes enlèvent le voile.
Elle a à cœur les chrétiens d’Égypte, et publie sur son facebook les photos des coptes tués dans la dernière révolution. Je suis certain qu’elle ne pratique pas la dissimulation dans ses propos.
Elle se dit toujours musulmane, et je n’ai pas le droit de dire qu’elle ne l’est plus… même si bon nombre de ses coreligionnaires la considéreraient comme apostate.
Voilà une femme qui a procédé à la réforme de l’islam. Et j’estime qu’en tant que chrétien je n’ai rien à dire contre elle. C’est une amie que j’apprécie et qui m’apprécie beaucoup.
Je ne demande pas plus des musulmans en Occident. Et je ne serais pas opposé à ce que cet islam soit enseigné dans les mosquées en Occident.
Comme vous le savez, je plaide pour la révision du concept de la révélation, laquelle n’est pas la parole de Dieu à l’homme, mais la parole de l’homme sur Dieu. Je l’ai indiqué dans mon article sur les droits de l’homme. J’ai fait lire cet article à Seham. Elle m’a répondu qu’elle partage mon point de vue, mais cela ne peut être discuté qu’entre intellectuels. Le peuple n’est pas prêt pour une telle idée. D’ailleurs, combien de prêtres ou de rabbins seraient d’accord avec ma vision des choses… même si je la juge nécessaire?
Comments are closed.