Source: Suite à la dénonciation pénale d’Alain Jean-Mairet, un magistrat fribourgeois a demandé une expertise à une «islamologue». Elle dit tout le contraire de ce que Sami Aldeeb démontre dans son livre.
Coup de chapeau au procureur adjoint fribourgeois Markus Julmy. Pour décider du sort de la dénonciation d’Alain Jean-Mairet à propos de la Fatiha, il a demandé une expertise à une spécialiste de l’islam. Dans une ordonnance envoyée au dénonciateur, il explique sur cette base pourquoi il classe la plainte.
Rappelons que cette dénonciation a été adressée aux procureurs de 20 cantons. L’auteur, spécialiste de l’islam, estime que le septième verset du coran répété 17 fois par jour lors des prières musulmanes est une incitation à la haine. Les musulmans demandent en effet par-là de leur éviter de prendre la voie des «égarés» et de «ceux qui ont encouru la colère de Dieu», soit selon la missive de Jean-Mairet les juifs et les chrétiens. Le livre du spécialiste de droit musulman Sami Aldeeb «La Fathia et la culture de la Haine», joint au courrier, le démontre par la citation de plus de 80 exégètes majeurs. Sami Aldeeb observe aussi que si certains ne disent pas que les juifs et les chrétiens sont visés, aucun ne le conteste.
L’auteure de l’expertise, elle, le conteste fermement. Il s’agit de «l’islamologue» Mallory Schneuwly Purdie. Elle s’appuie entre autres sur les dires de Richard Rachid Benzine, un réformateur qui préconise «une relecture du Coran à l’aune des sciences humaines». Selon lui, la Fatiha «ne vise aucun peuple ou membre d’une communauté religieuse déterminée et ne se réfère donc ni aux juifs, ni aux chrétiens».
Dans sa lettre, Markus Julmy rappelle en mauvais magistrat mais en bon idéologue ce que raconte son experte, à savoir que l’auteur de la dénonciation qualifie l’islam de criminogène et réclame son interdiction. Quel rapport avec les faits? La tentative de délégitimer Jean-Mairet et de renforcer sa conclusion. Quelle est-elle : «… les exégèses coraniques sont multiples et extrêmement variées». En se basant sur un rapport du DFJP qui s’éloigne lui aussi du sujet, Markus Julmy affirme que «les représentants musulmans invités par l’Etat pour un dialogue, condamnent tous la discrimination et le racisme et prônent l’ouverture et la tolérance réciproque.» Imagine-t-on qu’ils puissent rappeler aux autorités que selon leurs textes, les chrétiens sont des égarés et que les juifs ont encouru la colère de Dieu?
Le procureur a malheureusement omis de joindre ladite expertise à sa lettre. Alain Jean-Mairet lui a donc répondu en demandant à la recevoir «afin que Sami Aldeeb puisse prendre position valablement à son égard». Il signale aussi que les députés fribourgeois vont bientôt avoir en main «le dossier complet» de l’objet du litige. Les membres des législatifs de Genève et Vaud ont eux-mêmes déjà reçu «La Fatiha et la culture de la haine». Cela fait déjà plusieurs centaines d’intéressés.
Sur le fond, je propose de jeter un œil sur Wikipédia, peu soupçonnable de vouloir interdire l’islam: «Le septième verset, selon les commentaires en arabe littéraire du Coran (bihâmich al-qur’ân al-karîm) des savants de l’Islam tel que Tabarî (839-923), Zamakhshari ou Fakhr ad-Dîn ar-Râzî, faisant consensus auprès de tous les exégètes musulmans, distingue les musulmans des juifs et des chrétiens.» Et de préciser: «Ces commentaires, ainsi que de nombreux autres écrits depuis les premiers temps de l’Islam jusqu’aux commentaires des exégètes actuels, se basent essentiellement sur les 2 sourates et le hadith suivants: «Dieu a transformé en singes et en porcs ceux qu’Il a maudits, ceux contre lesquels Il est courroucé.» [Coran V, 60]. «Qui se sont égarés autrefois et qui en ont égaré beaucoup d’autres hors du droit chemin.» [Coran V, 77]. «Ady Ben Hatem a dit: «J’ai demandé à l’Envoyé de Dieu – qu’Allah le bénisse et le salue – au sujet de ceux qui sont désignés par ce verset: (Non le chemin de ceux qui ont encouru Ta colère), il me répondit: «Ce sont les juifs, quant aux égarés ce sont les chrétiens.»
Afin de faire connaissance avec Mallory Schneuwly Purdie, le lecteur intéressé peut jeter un coup d’œil sur le chapitre 10 d’Islamophobie ou légitime défiance?, «Un GRIS pas très clair», téléchargeable gratuitement sur ce blog. Je relève deux de ses citations. A propos de la diversité musulmane de Suisse qui nous protège de tout radicalisme: «Les musulmans qui vivent ici n’ont en commun que l’appartenance déclarée à l’islam, et encore, dans une acception minimaliste du terme: la croyance dans le Coran, la sunna et le Prophète.» Et à propos de Youssef Ibram, Frère musulman incapable de condamner la lapidation: «C’est quelqu’un de modéré, qui essaie d’intégrer les musulmans. On ne peut pas lui demander de dire que la lapidation n’est pas coranique, car cela figure dans les sources. Tout au plus peut-on dire qu’il est un peu littéraliste.» A vérifier ici.
Mallory Schneuwly Purdie est par ailleurs l’une des quatre collaborateurs engagés par le nouveau et très controversé «Centre suisse islam et société» de l’université de Fribourg où elle exerce la fonction de chargée de cours. Rappelons que l’UDC a lancé une initiative contre cette innovation.
Pour donner un précieux coup de main aux adversaires du centre, rien de tel que cette expertise sur la Fatiha.
Mais merci au procureur et à l’islamologue de permettre ainsi d’ouvrir le débat sur un des multiples versets condamnables du coran, versets que les pieux musulmans s’obstinent à défendre bec et ongles.
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