Témoignage d’un lecteur

A la suite de mon interview

Sami Aldeeb: « Je prophétise la fin de l’islam ». Interview fleuve.

j’ai reçu la réaction suivante que je publie avec l’autorisation de son auteur, de façon anonyme.

Monsieur,

Vous écouter a été pour moi un honneur et un plaisir. Enfin quelqu’un qui a des « couilles » ET un cerveau.  Car, bien souvent, ceux qui ont l’un, l’autre leur fait défaut.

Vos propos sont le miroir de ma vie et m’ont énormément touché. Je suis né en prison. Une prison mentale et sociale. J’ai consacré beaucoup de temps et d’énergie à la religion. Quelle formidable perte d’énergie comme vous dites. Avec le recul, il me reste un sentiment d’absurde profond : Celui d’avoir perdu les plus belles années de ma jeunesse à me battre contre les démons et les fantômes de la religion afin de m’en départir progressivement. Aujourd’hui je suis un Homme Libre, heureux, apaisé, et épanoui spirituellement –quoi qu’en disent mes détracteurs qui pensent avoir le monopole de la sérénité de l’Âme – car ils ne connaissent qu’un seul chemin unique et biaisé pour y arriver, en reniant tout simplement toutes les autres voies possibles. Quand je repense aux années où il m’est arrivé de me retrouver dans des mosquées salafistes en Banlieue parisienne, je ne peux que hocher la tête de manière navrée, comme un toxicomane qui repense à ses années de perdition et au temps précieux qu’il a perdu. Je suis passé par maintes dépressions et crises existentielles et je m’en suis sorti par le sport et la philosophie. C’était ma chimiothérapie contre une maladie cancéreuse contractée à la naissance.

Vous avez tellement raison de parler de virus et de connaître la maladie pour savoir la traiter. J’ai passé des années à faire mon propre diagnostic de cette maladie de l’âme et j’ai réussi à me guérir tout seul à force de patience et de persévérance. De là à désacraliser tout le corpus religieux et démasquer l’imposture du prophète musulman autoproclamé (illuminé, armé, et intéressé, comme vous le dites si bien) il m’a fallu encore un peu de temps. Pour enfin franchir le pas d’appeler simplement un chat un chat et de voir les choses simplement comme elles sont, sans cet état d’envoutement hypnotique de la Raison. J’aime cette citation d’Alfred de Musset dans sa pièce Lorenzaccio “La main qui a soulevé une fois le voile de la vérité ne peut plus le laisser retomber; elle reste immobile jusqu’à la mort, tenant toujours ce voile terrible, et l’élevant de plus en plus au-dessus de la tête de l’homme, jusqu’à ce que l’ange du sommeil éternel lui bouche les yeux”

J’ai beaucoup aimé votre phrase “pour devenir musulman il faut être un malade mental”. Elle est l’exacte réplique de l’un des mes proches amis marocain militant qui est un expert en matière d’iconoclasme. Cela m’a amusé, et je trouve la phrase très pertinente. Car au-delà du bon mot provocateur, et qui peut paraitre excessif et ne pas plaire, voire choquer, se cache une réalité très juste : Cette maladie mentale est en réalité une maladie de l’Âme, qui souffre de ce qu’elle ignore, et qui a besoin d’un opium artificiel pour apaiser ses tourments. L’homme libre, spirituel, « croyant mais pas idiot » comme vous dites si bien, n’a que faire de l’Islam ni de toute autre religion formalisée, sacralisée, et ritualisée.

Encore faut-il réussir à franchir le mur de la fin de non-recevoir opposée par les religieux : L’une des rares portes d’entrée au conscient des musulmans que je connais est de les challenger sur le terrain même de leur foi (D’où la nécessité d’enseigner le droit musulman en Occident, comme vous le soulignez). J’ai eu la chance de recevoir un début de formation religieuse au sein de Jami’at Al Quaraouiyine, à Fès. Je n’y ai pas fait long feu car je me suis fâché avec beaucoup d’enseignants et d’étudiants et je me suis révolté de voir que l’école formant des cadres musulmans et imams ne dispensait aucun enseignement historique, géographique, et encore moins scientifique. De futurs spécialistes de fatwas totalement ignorants en somme. Toujours est-il que j’utilise cette instruction pour la retourner contre ceux qui prétendent être attachés à leur religion et la défendre à tout prix. En les repoussant dans leurs retranchements, je leur pose maintes colles et les renvoie dans leurs cordes. Souvent leur foi repose sur une base bien peu solide en réalité et pleine de failles de logique et à laquelle la cohérence la plus élémentaire fait défaut. Je finis souvent par leur dire qu’ils ne sont pas de bons musulmans car ils ignorent bien des choses en fin de compte. Je pousse même l’audace jusqu’à leur dire que je considère au final que ce sont eux les « Kouffar » (mécréants) car ils racontent sur Dieu ce qu’ils ne peuvent décemment pas savoir et qu’ils commettent là un péché capital. Il faut voir leurs visages cramoisis d’irritation dans ces moments-là, au point culminant du débat.

Bref, je pense aussi comme vous que l’Islam est sur la fin. Cela prendra simplement du temps. Peut-être beaucoup de temps certainement. Peut-être plusieurs générations. Mais cela est en marche, indéniablement. (je vous renvoie vers ce très beau texte de Moncef Marzouki, que vous connaissez peut-être et qui est ma profession de foi)

http://www.facebook.com/Dr.Marzouki.Moncef/posts/268930763174150

Je peux en témoigner par 2 exemples :

Mon oncle, Professeur de Physique à la retraite en Suisse, est un chiite assez radical mais relativement ouvert d’esprit et assez érudit en matière de religion. Marié à une occidentale, leurs enfants, malgré une éducation islamique des plus strictes, ont glissé entre les mains du père, sans même que celui-ci s’en rende compte encore. Il les a perdus sur le plan religieux et ils font la comédie devant lui pour ne pas le vexer. Tel un vieillard que l’on ne veut pas froisser. Ce sont surtout les jeunes femmes qui rejettent la greffe le plus radicalement. Et à juste titre, au vu de toute la pression qu’on leur met sur le dos.

Même chose de l’autre côté de la famille : L’un de mes autres oncles a suivi la lignée de l’un de mes ascendants directs (un savant musulman de grand renom dans le monde islamique, auteur de nombreux ouvrages et traductions de textes sacrés) de façon radicale. Chef Ingénieur à Paris dans une multinationale, il en arrivait même à cautionner les attentats suicide contre les ambassades en regardant Al-Jazeera, à bloquer les chaînes françaises à la maison, à envoyer ses enfants dans une école islamique après avoir été scandalisé par une livre d’éducation civique ou l’on prônait le respect des homosexuels. Il en est arrivé finalement à tout plaquer en France pour partir en Arabie Saoudite. Et malgré tout cela, sa fille a fini par se rebeller de manière très violente après qu’il lui ait imposé de porter le voile; elle a poussé l’affront jusqu’à lui rendre le bout de tissu en question après avoir uriné dessus. il a failli en mourir de rage.

A la lumière de ces signes du temps, loin d’être des cas isolés, oui, j’adhère pleinement à votre prophétie de « fin de l’Islam ». Comme le dit si bien Khalil Gibran : « Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même (…) Ne tentez pas de les faire comme vous. Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.». Je ne peux qu’être l’un des agents qui feront aller l’Histoire dans le sens où elle doit aller, invariablement, implacablement, tel un lent rouleau compresseur.  Qu’ils le veuillent ou non, la Raison se réalise lentement mais sûrement, à travers ce processus ayant pour fin la liberté humaine, dans la plus pure tradition Hégélienne.

Je partage également votre avis en ce qui concerne le fait que l’islam règne par la terreur et grâce à l’absence de liberté d’expression. Cela est tellement vrai. C’est un système totalitaire de domination mentale, sexuelle, et sociale. Et, comble de l’ironie, il pousse le syndrome de Stockholm à son paroxysme ! Heureusement, les réseaux sociaux permettent de délier les langues et les gens commencent à se montrer et assumer leurs idées laïques. Mais cela reste encore très compliqué. J’ai souvent fait face à des pressions et des menaces physiques et du harcèlement alors même que j’étais en France. Et ici au Maroc, depuis que je suis rentré il y a quelques mois après 15 ans d’exil, vous imaginez bien que c’est pire. Je vis cloîtré dans mon bureau d’études – je vis presque caché pour ainsi dire. Impossible d’exister “normalement” et de vivre selon ses convictions en plein jour. Il faut être très prudent et filer droit pour ne pas s’attirer d’ennuis. Assumez de telles positions publiquement et c’est l’ostracisation immédiate et la mise à l’index sans appel. Et cela peut prendre des formes violentes, verbales, voire physiques, sans autres formes de procès.

Nombre de mes amis musulmans modérés s’obstinent à me dire que tout cela viendrait d’une mauvaise lecture de l’Islam. Ils opèrent, avec une ignorance sincère, ou une mauvaise foi inconsciente,  au mieux une minimisation, au pire une mise à l’écart, de ce qui ne les arrange pas dans les écrits religieux. Ce faisant, ils arrivent à justifier l’injustifiable sous prétexte qu’il suffirait d’en avoir une lecture pacifique pour en faire une religion de paix (allant parfois jusqu’à changer le sens même de certains mots dont le sens est on ne peut plus clair). Cela relève d’un sophisme inacceptable. Il faut voir les choses en face et arrêter de se voiler la face, en acceptant de remettre fondamentalement en cause ce qui sépare les hommes, les menace, les condamne, au lieu de les réunir, par-delà les religions.

Enfin, il me semble en effet que l’Occident fait la politique de l’autruche, et refuse de prendre le problème à bras le corps. J’en viens réellement à me demander si au fond cela ne les arrange pas, finalement, d’avoir ce « problème de l’Islam» à donner en pâture aux média afin de détourner les citoyens des problèmes réels (économiques, politiques, et sociaux).

Merci à vous de porter notre voix, et d’œuvrer pour un Monde libre, harmonieux, et libéré des dogmes.

Excellente continuation.

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