Sami Aldeeb – Y a-t-il un moyen pour faire évoluer l’Islam afin de l’adapter aux droits de l’homme?

Ce texte est la traduction d’un article soumis à la discussion générale dans un forum arabe

1) Toute religion est humaine

Les musulmans croient que l’Islam est la religion qu’Allah a choisie pour l’humanité jusqu’au jour de la résurrection, invoquant le Coran: “La religion auprès de Dieu est l’Islam” (3 : 19), “Ce jour, j’ai complété pour vous votre religion, et j’ai accompli ma grâce envers vous. J’agrée l’islam comme religion pour vous” (5 : 3 ), “Quiconque recherche une religion autre que l’Islam, elle ne sera pas acceptée de lui” (3 : 85). Ils tentent par tous les moyens à imposer leurs vues et leurs comportements aux autres tant dans les sociétés islamiques que non-islamiques, et n’hésitent pas à critiquer les croyances des “infidèles” et leurs livres saints “falsifiés” et à prier pour que “Dieu rende orphelins leurs enfants, pourchasse leur progéniture et rende veuves leurs femmes”. Par conséquent, les non-musulmans ont le droit de répondre aux musulmans et de critiquer le Coran, sachant que 80% du Coran provient de sources juives et 10% de sources chrétiennes comme le démontrent ma traduction et mon édition arabe du Coran. Les juifs et les chrétiens ont donc plus de droit sur le Coran que les musulmans eux-mêmes. Et comme le disent les frères de Joseph: “Voici que notre marchandise nous a été rendue” (12 : 65).

En citant le Coran, les musulmans partent de la croyance qu’il est infaillible, même sur le plan linguistique. Ils invoquent en cela le Coran: “Un Coran arabe, sans tortuosité. Peut-être craindront-ils Dieu” (39 : 28), “Le faux ne l’atteint ni par devant ni par derrière. Une descente de la part d’un sage et d’un louable” (41 : 42). Et lorsque vous exposez les erreurs linguistiques et stylistiques du Coran estimées à environ 2000 erreurs, ils se pressent à inventer des justifications risibles, considérant qu’il s’agit d’éloquence!

La croyance des musulmans que l’islam est la religion de Dieu et que le Coran est le Livre de Dieu est sans fondement. Chaque religion est humaine. L’Islam ne diffère pas en cela des autres religions, philosophies et systèmes politiques. Le Coran, comme tous les autres livres sacrés (sacrés livres) juifs, chrétiens, sabéens, bouddhistes, hindouistes, zoroastriens et baha’is, est un texte fait par l’homme. Et il ne peut en aucun cas en être autrement. Il n’est pas nécessaire de répéter ici ce que j’ai dit à maintes reprises dans mes articles que le Coran n’est pas un livre mais un brouillon décousu combinant pêle-mêle des fragments écrit par un rabbin. Ceci est prouvé par les sources juives sur lesquelles son auteur s’est basé pour le composer.

Comme toutes les religions, l’islam comprend une vision globale de la vie en ce monde, des relations entre les humains et avec le Créateur, ainsi de l’au-delà. Et chaque religion a sa part de légendes indispensables pour divertir et satisfaire les simples d’esprit. Le Coran lui-même est plein de légendes, comme la légende de la descente de l’ange Gabriel du ciel avec le Coran, et la légende de la montée de Mahomet au ciel sur une monture ailée.

2) L’islam reflète la culture du VIIe siècle

En tant que produit humain, toute religion reflète la culture de la société et de l’époque dans lesquelles elle est née. Et l’islam ne fait pas exception à cette règle. En tant que système du septième siècle, il reflète les idées, les mœurs et coutumes de ce siècle-là dans la péninsule arabique. Selon des sources islamiques, le Coran “est descendu du ciel” entre 610 et 632. Au cours de ces années, il y a eu des changements considérables dans la société. De simple employé chez Khadija dans la société mecquoise tolérante rassemblant en un seul endroit 360 divinités, Muhammad s’est pris pour un prophète voulant imposer ses idées à la société, même avec l’épée: “Je vous suis venu avec l’égorgement” (Recueil Al-Bukhari no 3643). Après avoir immigré à Médine, il est devenu un dictateur: “Ô vous qui avez cru! N’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète” (49 : 2), interceptant les caravanes, attaquant les tribus, faisant main basse sur leurs biens, s’appropriant leurs femmes, coupant les têtes de ses adversaires, imposant le tribut à ceux qui ne suivent pas sa religion et tuant les apostats: “Quiconque change sa religion, tuez-le” (Recueil Boukhari n ° 3017).

La loi de Mahomet a prescrit des sanctions brutales reprises dans leur majorité de la Bible (mise à mort de l’apostat, lapidation de l’adultère, amputation de la main du voleur, et loi du talion). Elle a établi une discrimination contre les femmes (en matière d’héritage, de témoignage et des sanctions) et contre les non-musulmans (ainsi un non-musulman ne peut épouser une musulmane, mais un musulman peut épouser une non-musulmane). Elle a prescrit la destruction des statues (comme l’a fait Mahomet lors de la conquête de la Mecque et les Talibans en Afghanistan, prescription prévue dans la Bible – voir Exode 20: 2-5 et 34: 13), l’appropriation des femmes de l’ennemi, l’esclavage et la mise à mort des prisonniers: “Il n’appartient pas à un prophète d’avoir de prisonniers avant d’avoir meurtri sur la terre” (8 : 67).

Alors que les versets mecquois s’adressaient à tous les humains: “O humains”, ceux de la Médine sont devenus discriminatoires, s’adressant aux seuls croyants: “O vous qui croyez”, établissant une distinction entre eux et les mécréants: “Quant à ceux qui ont mécru, je les châtierai d’un châtiment fort, dans la vie ici-bas et la vie dernière. Ils n’auront pas de secoureurs!” (3 : 56). Le Coran couronna sa législation par le verset du sabre: “Une fois écoulés les mois interdits, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Prenez-les, assiégez-les et restez assis aux aguets contre eux. Si ensuite ils sont revenus, ont élevé la prière et donné l’aumône épuratrice, alors dégagez leur voie. Dieu est pardonneur et très miséricordieux” (113 : 5). Certains pensant que le verset du sabre est le suivant: “Combattez ceux qui ne croient ni en Dieu ni au jour dernier, qui n’interdisent pas ce que Dieu et son envoyé ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux auxquels le livre fut donné, jusqu’à ce qu’ils donnent le tribut par leurs mains, en état de mépris” (113 : 29). Le verset du sabre a abrogé tous les versets tolérants comme “Nulle contrainte dans la religion” (2 : 256), et “Celui qui souhaite, qu’il croie; et celui qui souhaite, qu’il mécroie” (18 : 29). Muhammad a interdit aux non-musulmans de faire le pèlerinage à leur temple mecquois: “Ô vous qui avez cru! Les associateurs ne sont qu’impureté. Qu’ils ne s’approchent plus du Sanctuaire interdit, après cette année-ci” (5 : 28). Toutes ces normes sont en violation des droits de l’homme comme nous les entendons aujourd’hui.

Cette transformation de l’islam mecquois tolérant à l’Islam médinois violent a été consacrée dans le chapitre de la “repentance” qui ne comporte pas l’invocation initiale “Au nom de Dieu, le tout miséricordieux, le très miséricordieux”. Ce chapitre porte le numéro 113 dans l’ordre chronologique du Coran qui comprend 114 chapitres, et il est considéré par certains comme le dernier chapitre “descendu” du ciel. Il n’y a plus de place pour la miséricorde et à l’épée revint le dernier mot: “Ne faiblissez donc pas et n’appelez pas à la paix alors que vous êtes les plus élevés” (47 : 35).

Pour fermer la porte derrière lui, Mohammed s’est déclaré comme le sceau des Prophètes: “Mahomet n’a jamais été le père de l’un de vos hommes, mais l’envoyé de Dieu et le sceau des prophètes” (33 : 40), et a qualifié ses femmes comme étant les mères des croyants, interdisant de les épouser après sa mort: “Le Prophète a priorité sur les croyants eux-mêmes. Ses épouses sont leurs mères” (33 : 6). Ainsi il a privé sa plus jeune épouse Aisha de son droit au mariage. Lors du décès de Mahomet, elle avait 18 ans, et elle est décédée à l’âge de 64 ans. Pas étonnant qu’elle se soit occupée à fomenter des troubles, dont l’assassinat du calife Othman, et la bataille du chameau contre Ali – troubles dont nous vivons encore aujourd’hui les conséquences sanglantes au Pakistan et en Irak entre sunnites et chiites. Pour rappel, Aisha était derrière le récit de “l’allaitement des adultes” (Recueil Al-Bukhari no 4000). “Ainsi Aisha ordonnait à ses nièces d’allaiter ceux qu’elle voulait fréquenter” – l’allaitement créant un lien de parenté permet la mixité entre hommes et femmes (Recueil Ibn Daoud no 2061). Si Aisha s’était mariée après la mort de Mahomet, la face du monde aurait changé. Comme nous pouvons le voir, ce qui s’est passé il y a 14 siècles, nous continuons à en assumer les conséquences en sang et en destruction.

3) La nécessité de l’évolution de la religion – l’exemple du christianisme

Le scientifique qui ne se met pas à jour, devient ridicule. Nous nous précipitons tous pour acheter le dernier modèle électronique – télévision, téléphone ou ordinateur. Les vieilles machines sont placées dans des musées ou jetées. Les immeubles qui sont construites aujourd’hui sont soumis aux nouveaux règlements et équipés de ventilation et de chauffage les plus modernes. Vous ne pouvez pas construire une tour de cent étages comme les vieilles maisons d’un étage, sans cela elles tomberaient sur votre tête.

Ce qui se dit de la science s’applique aux religions et aux autres systèmes sociaux. Les religions et les systèmes qui ne tiennent pas compte de l’évolution de la pensée humaine deviennent obsolètes, et constituent une menace pour ses adeptes et l’ensemble de la société. Prenons l’exemple du christianisme du Moyen-Âge aves ses sinistres tribunaux d’inquisition. Allons dans la ville de Genève en 1555. Cette année-là, une décision a été entérinée par Jean Calvin à l’encontre du médecin et théologien Michel Servet brûlé vivant. Si vous allez à Genève aujourd’hui, vous trouverez le nom de ce martyr donné à une de ses principales rues pour l’honorer et présenter des excuses en raison du crime commis par l’Église contre lui. On y trouve une stèle sur laquelle les autorités religieuses reconnaissent leur crime.

On peut donner plusieurs exemples d’actes infâmes similaires commis par les autorités religieuses chrétiennes, comme William Tyndale traducteur de la Bible en anglais étranglé et brûlé en 1536, Giordano Bruno brûlé vivant en 1600, et Galileo condamné en 1616 à ne plus enseigner. Mais ces autorités ont fini par reconnaître leurs crimes. Nous ne pouvons pas imaginer la répétition à Genève de ce qui s’est passé en 1555. Et alors que l’Église était hostile aux droits de l’homme jusqu’à très récemment, en particulier dans le domaine de la liberté religieuse, elle a été contrainte de renoncer à son opposition.

Le christianisme ne s’est pas développé de son gré, mais sous la pression constante des autorités dirigeantes et des philosophes des Lumières. Les griffes et les dents de l’Église ont été arrachées et ses mouvements paralysés afin de ne pas sévir contre ceux qui contreviennent à ses enseignements. Mais il nous faut reconnaître que l’absence de normes juridiques dans l’Évangile a contribué à cette transformation. Jésus n’a pas laissé de système juridique, mais plutôt un ensemble de normes morales. Par conséquent, l’Occident chrétien a adopté la définition de la loi comme étant “ce que le peuple prescrit et établit”. Cette définition fournie par le célèbre jurisconsulte romain Gaius, décédé vers l’an 180, est à la base de la démocratie moderne. Et grâce à l’attitude des philosophes des Lumières, les livres sacrés ont été marginalisés, ne servant plus comme prétextes pour tuer les apostats et brûler les hérétiques.

4) La difficulté de l’évolution de l’Islam

Si nous passons à l’Islam, nous voyons que son évolution se heurte à deux problèmes.

Le premier problème est lié à la définition de la loi comme étant ce que Dieu a prescrit dans le Coran et la Sunnah de Muhammad: “Dis: Obéissez à Dieu et à l’envoyé. Si ensuite ils tournent le dos, Dieu n’aime pas les mécréants!” (3 : 32). Quelle que soit la volonté du peuple, il ne peut se débarrasser du texte prévu dans le Coran et la Sunnah. Il peut y avoir un moyen pour s’en détourner pour un certain temps, mais tôt ou tard on y revient: “chassez le naturel il revient à galop”. Ainsi le texte est dépoussiéré et remis en vigueur. C’est ce qui s’est passé, par exemple, avec les statues de Bouddha en Afghanistan et la statue d’Abu Al-Alaa Al-Maarri en Syrie. C’est pourquoi les mouvements islamiques réclament l’application de la charia dans son intégralité, y comprises les sanctions brutales, l’imposition du tribut aux non-musulmans, l’appropriation des femmes de l’ennemi et autres normes contraires aux droits de l’homme. C’est la raison du maintien de l’inégalité entre les hommes et les femmes en matière d’héritage et de témoignage. C’est la base de la fatwa du cheikh Gad al-Haq: “La circoncision pour les hommes est une sunnah faisant partie des normes de la nature, et pour les femmes elle est un acte méritoire. Si les habitants d’un pays s’accordent à abandonner la circoncision, l’Imam leur déclare la guerre, parce qu’elle fait partie des rituels de l’islam et de ses spécificités” (le texte de la fatwa ici http://ar.islamway.net/fatwa/15505). Imaginez ce monsieur qui veut lancer une guerre destructrice rien que pour imposer la circoncision masculine et féminine! Et il fait partie de l’élite égyptienne, puisqu’il a été grand Mufti de la République et grand cheikh de l’Azhar. Que dire alors des autres? Il convient de noter ici que le Conseil des ministres arabes de la Justice a approuvé à l’unanimité en 1996 un code pénal arabe unifié prévoyant la mise à mort de l’apostat, la lapidation de l’adultère, l’amputation de la main du voleur et la loi du talion (la loi est sur le site de la Ligue arabe http://carjj.org/node/237).

Le deuxième problème est le manque de liberté d’expression dans les pays arabes et musulmans dans le domaine de la religion. Vous ne pouvez faire évoluer une religion – ou un appareil électronique – que si vous pouvez la critiquer. Mais les intellectuels dans les pays arabes et musulmans sont castrés, étant éduqués selon l’argument de Ghazali: “Il n’est pas possible de créer mieux que ce qui a été réalisé dans le passe”, toujours nostalgiques pour l’âge d’or chimérique. La castration se fait en deux phases:

– La castration mentale: Le musulman est apprivoisé dès son jeune âge. Lorsqu’il naît, on lui fait entendre à l’oreille l’appel à la prière, appel qu’il entendra cinq fois par jour tout au long de sa vie. Et dès la première jusqu’à la dernière année de ses études, il doit apprendre l’islam. Sans oublier les mosquées, les stations de radio et de télévision officielles et privées qui se chargent de lui laver le cerveau, ne laissant aucune place pour une pensée alternative. Évidemment, on met l’accent sur le Coran et la Sunnah qu’il n’a pas le droit de toucher. Et malheur à ceux qui osent le faire. Les supplices de la tombe l’attendent, et les supplices de l’au-delà sont encore plus terrifiants.

– La castration par la sanction: Si la castration mentale ne suffit pas à apprivoiser le musulman, viennent alors la sanction pénale (qui comprend la peine de mort, l’emprisonnement et les amendes) et la sanction civile (qui comprend l’interdiction du mariage et sa dissolution- comme cela s’est produit avec Nasr Hamed Abu Zeid, l’enlèvement des enfants, et la privation de l’héritage et des fonctions publiques). Et parallèlement à la sanction officielle, il y a la sanction populaire. Chaque musulman s’estime en droit de punir toute atteinte à sa religion, selon le principe de “la promotion de la vertu et la prévention du vice”: “Que soit parmi vous une nation qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le répugnant. Ceux-là sont ceux qui réussiront” (3 : 104). C’est ce qui s’est passé avec Farag Foda assassiné par un homme illettré mettant à exécution une fatwa issue par un cheikh azharite, et la tentative d’assassinat de l’écrivain Naguib Mahfouz par deux jeunes analphabètes l’accusant de blasphème à cause de son roman “Les enfants de notre quartier” interdit par l’Al-Azhar. Et il y a eu aussi le Professeur Suleiman Bachir défenestré du deuxième étage par ses étudiants à l’Université Al-Najah à Naplouse, en raison de ses opinions et son livre “Introduction à l’autre histoire.”

Je me rappelle ici d’une rencontre à Rome avec un professeur nord-africain dont je tairai le nom, auteur d’un grand nombre de livres. Il m’a surpris en disant: “Tant que les musulmans ne cesseront pas de croire que le Coran est la parole de Dieu, il n’y aura aucune possibilité de progrès”. Je lui ai demandé: “Où est-ce que tu as écrit ce que tu viens de dire?” Il m’a répondu: “Tu es fou. Tu veux ma mort? Qui va nourrir mes enfants et ma femme?”

Ce professeur a mis le doigt sur la base du problème. Nous devons d’abord mettre de côté l’idée que le Coran est la parole de Dieu. Deuxièmement, nous devons dépouiller Mahomet de toute sainteté. Cet homme est fils de son temps, et il ne peut pas servir de bon exemple pour notre temps. Troisièmement, les intellectuels musulmans doivent nettoyer leurs esprits de la saleté qui y niche depuis leur jeune âge. Quatrièmement, il faut abroger le châtiment de l’apostasie et garantir à tous le droit de changer de religion sans aucune conséquence pénale ou civile. Cinquièmement, il faut revoir tout le programme d’enseignement religieux, de la maternelle à l’université. Ce que nous vivons aujourd’hui dans le monde arabe et musulman est le résultat de cette éducation religieuse. Et il faut signaler ici le rôle funeste de l’Azhar qui produit des milliers d’imams et de savants religieux. Il convient de rappeler les mots du soudanais Mahmoud Mohamed Taha, qui a été pendu en 1985 avec l’encouragement de l’Azhar: “Il viendra un jour où on fermera la porte de l’Azhar avec deux planches sur lesquelles il sera écrit: ici on enseignait l’ignorance”. Regardez, par exemple, ce qu’enseigne l’Azhar, vidéo sous-titrée en français: http://www.youtube.com/watch?v=fE46QUomlmY

5) Y a-t-il espoir pour l’évolution de l’Islam?

Et maintenant la question: Y a-t-il espoir pour l’évolution de l’Islam? C’est certainement une tâche difficile, exigeant patience et persévérance. Un olivier a besoin de 30 ans pour devenir adulte. Mahmoud Mohamed Taha a proposé de se baser sur le Coran de la Mecque et de laisser de côté le Coran médinois qui est un texte politique et non pas religieux – et ainsi se débarrasser de ses normes juridiques qui violent les droits de l’homme. Les Coranistes proposent de mettre de côté la Sunnah de Mahomet et de ne suivre que le Coran – mais leur proposition à mon avis est inutile parce que le Coran est la base du problème. Personnellement, je suggère de supprimer la sainteté du Coran en exposant ses erreurs linguistiques et stylistiques, et ainsi le rendre un texte humain. On peut comprendre la position du cheikh Ahmed Al-Gubbanchi de ce point de vue en s’attaquant au texte coranique, en rejetant son origine divine et en démolissant les arguments de ceux qui prétendent que le Coran comporte des aspects linguistiques, moraux, scientifiques et mathématiques prodigieux prouvant sa provenance divine. Tout cela exige la liberté d’expression, l’acceptation des intellectuels à assumer leur responsabilité, et la remise en question de tous les programmes d’enseignement religieux.

Et on arrive à la question cruciale: Que restera-t-il de l’islam si nous le faisons évoluer au point de supprimer l’idée du Coran selon laquelle est la parole de Dieu, d’enlever la sainteté de Muhammad et d’abroger la sanction de l’apostasie? Pour répondre à cette question, je pose une question parallèle sur le christianisme: Qu’est-il resté du christianisme quand on a marginalisé les livres sacrés, supprimé l’Inquisition et interdit aux autorités religieuses chrétiennes de sanctionner la liberté d’expression? Est-ce que le christianisme a disparu ou est-il devenu meilleur qu’il ne l’était au Moyen-Âge? Qui d’entre nous voudrait revenir au christianisme du Moyen-Âge et brûler ceux qui expriment des opinions religieuses divergentes? En ce qui concerne l’Islam, si nous le faisons développer, nous aurons une religion plus légère pour l’estomac (selon les paroles de Cheikh Ahmed Al-Gubbanchi http://www.youtube.com/watch?v=V8N-nx8Ye3s), conforme à l’esprit de notre époque. C’est en fait un retour à l’islam de la Mecque avant la migration de Mahomet vers la Médine et son accaparation du pouvoir: “Dis: Je ne suis qu’un humain semblable à vous” (41 : 6), “Rappelle donc! Tu n’es qu’un rappeleur. Tu n’es pas un dominateur sur eux” (88 : 21-22). Mais si nous maintenons l’islam médinois, celui-ci disparaîtra … ou détruira l’humanité.

Les musulmans doivent donc mettre de côté le Coran médinois violent et contraire aux droits de l’homme, et revenir au Coran mecquois, qui est la base d’un islam tolérant, comme l’a proposé Mahmoud Mohamed Taha dans son ouvrage intitulé “Le deuxième message de l’Islam”: http://www.alfikra.org/book_view_a.php?book_id=10. D’où l’importance de l’édition du Coran par ordre chronologique comme je l’ai faite dans mon édition arabe et ma traduction française du Coran afin que le lecteur puisse voir clairement ce qui fait partie du Coran mecquois et ce qui fait partie du Coran médinois. L’édition normale du Coran crée de la confusion puisque le lecteur saute d’un chapitre mecquois tolérant à un chapitre médinois rigide, et vice versa. Par exemple, la sourate portant le numéro 2 dans l’édition normale porte le numéro 87 dans l’ordre chronologique et constitue le premier chapitre médinois. Quant au chapitre le plus rigide numéro 9 dans l’édition normale, il porte le numéro 113 dans l’ordre chronologique.

Quelle est l’opinion des lecteurs et quelles sont leurs suggestions pour parvenir à ce que je propose?

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