Je viens de faire la préface à un livre sur le kufr: mécréances en terre d’Islam. Je vous la donne ici en primeur, en attendant la sortie de l’ouvrage.
Mohammad Ibn-Zakariyya Al-Razi, libre penseur… et grand mécréant devant le Seigneur
Je suis très heureux de pouvoir préfacer cet ouvrage qui, espérons-le, ouvrira la voie à d’autres ouvrages sur le même sujet ou sur l’un ou l’autre penseur musulman dont il y est question ici.
Le monde musulman représente aujourd’hui un cinquième de l’humanité. Ce grand nombre de musulmans de par le monde est souvent cité par les musulmans pour insister sur la vivacité / véracité de leur religion et son attraction. D’ailleurs Mahomet ne disait-il pas: “Multipliez-vous, je voudrais être fier de vous au jour de la résurrection”, parole qui empêche tout programme de limitation de naissance parmi les musulmans. On oublie cependant que le nombre n’est jamais une garantie de vérité. Si vous attachez un chameau ou un milliard de chameaux derrière un âne, cela ne change pas la nature de l’âne. Ce chiffre est aussi cité par les adversaires des musulmans pour mettre un frein aux flux migratoires dans les pays occidentaux. On sait en effet que le nombre est important sur le plan politique. Un parti qui compte dix membres a forcément moins d’impact qu’un parti qui compte dix millions de membres. Mais en soi le nombre en politique n’a d’importance que s’il est synonyme de revendications. Si tous les musulmans étaient comme Gandhi ou comme Mère Teresa, leur grand nombre ne poserait aucun problème à l’Occident.
Le grand nombre de musulmans dans le monde cache une autre réalité. On n’est pas toujours musulman par choix. Une religion est souvent héritée comme on hérite de la vache du grand-père. On peut alors être content d’avoir une vache en héritage, mais celle-ci peut être encombrante, surtout lorsque vous habitez dans la ville et ne savez pas où la mettre ni comment la nourrir. Et il est rarement facile de se débarrasser d’une telle vache, surtout lorsqu’il s’agit d’une religion. Les gens naissent et meurent juifs, chrétiens ou musulmans. Je me rappelle d’une discussion avec une professeur de l’Université du Caire qui me disait: “J’aurais tant aimé être copte, mais malheureusement je suis née musulmane”. Sans doute, cette professeur savait que ses ancêtres étaient coptes, comme c’est le cas de la plupart des Égyptiens, mais elle sait aussi qu’il ne lui était pas possible de changer de religion. Née musulmane, elle devait rester musulmane toute sa vie, au moins en apparence, pour ne pas s’attirer les foudres de l’État et de la société. Si par contre elle était née copte, rien n’est plus facile pour elle à devenir musulmane, en moins de deux minutes, et elle sera accueillie à bras ouverts par l’État et par la société majoritairement musulmane…. même si sa communauté d’origine ne verra pas ce changement d’un bon œil.
Les musulmans ont beau citer le verset coranique “Pas de contrainte en religion” (2:256), mais rien n’est plus faux que cette phrase. Oui, vous êtes libre, voire encouragé à devenir musulman par des moyens plus ou moins sournois et malhonnête. Mais si vous quittez l’islam, vous en sortez sans tête. L’épée de Damoclès “Celui qui change de religion tuez-le” (parole criminelle de Mahomet) est continuellement suspendue au-dessus de la tête de tout musulman. Certes, pas tous les musulmans pensent quitter l’islam. Mais si Mahomet a cadenassé la porte de sortie, ce n’est pas sans raison. Il savait très bien que si on laissait cette porte ouverte, il risque de ne pas rester grand monde dans cette religion-prison. On sait à cet égard que les Berbères ont été convertis à l’islam par l’épée et ont été contraints d’y revenir par l’épée chaque fois qu’ils tentaient de quitter cette religion. Et il n’est pas étonnant que des milliers de Berbères quittent aujourd’hui l’islam en Algérie ou ailleurs en Afrique du Nord, malgré les dangers auxquels ils s’exposent. Le peuple berbère se nomme amazigh, terme qui signifie “homme libre”. En quittant l’islam, ils cherchent à vivre en conformité avec leur nom, sans contrainte, pour pouvoir adorer Dieu en toute liberté, selon leur conscience. Ce que l’islam ne favorise pas, voire le condamne.
Alors, face à la contrainte exercée par la religion musulmane sur ses “adeptes”, des musulmans développent souvent le syndrome de Stockholm, terme qui désigne la propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à développer une empathie, voire une sympathie, ou une contagion émotionnelle avec ces derniers. Et on sait aussi que les victimes d’hier sont les bourreaux d’aujourd’hui, empêchant les habitants de la prison-islam d’en sortir. D’autres musulmans recourent à la dissimulation, concept développé d’ailleurs par le droit musulman à l’intention de ses adeptes. En cas de contrainte, le musulman a le droit de paraître contrairement à ce qu’il est pour sauver sa peau. Certains de ces musulmans le disent ouvertement lorsqu’ils ont confiance dans leur interlocuteur. Trois expériences méritent d’être contées ici.
Je me rappelle d’une discussion à Rome avec un intellectuel tunisien dont je tairai le nom pour ne pas lui créer des problèmes. Il m’affirmait avec conviction que les musulmans ne pourront évoluer que s’ils abandonnaient l’idée que le Coran est parole de Dieu. Et lorsque je lui ai demandé où a-t-il écrit une telle pensée, il m’a répondu: “Mais tu veux ma mort? Personne n’oserait l’écrire dans les pays musulmans. Qui nourrira ma famille?”
J’ai rencontré le 8 septembre 1977 le penseur égyptien Hussein Fawzi. Je lui ai demandé comment traiter avec des mouvements islamistes exigeant l’application des livres sacrés transmis par Dieu aux prophètes. Il m’a répondu que Dieu a créé l’humanité en six jours et ensuite il est allé se reposer le septième jour, comme le dit la Bible. Comme il a jugé qu’il a bien fait tout ce qu’il avait entrepris, il n’était plus nécessaire de revenir au travail le huitième jour et a continué à se reposer. Par conséquent, tous les prophètes venus après le sixième jour ne peuvent avoir été envoyés par Dieu. Ces prophètes ne disposent d’aucun mandat divin, mais agissent au nom de Dieu pour mieux dominer les autres et faire taire leurs opposants. Cet auteur m’avoua cependant qu’il ne serait pas aisé de tenir de tels propos au peuple. Le gouvernement n’a d’autres moyens que de louvoyer. Quant aux arguments du courant intégriste, il faut y répondre que les choses ont changé. À supposer que Dieu ait bel et bien révélé le Coran, il ne peut pas avoir révélé une chose immuable. Il faut réadapter sa révélation à la vie moderne.
Un jour j’ai reçu un Soudanais parenté de l’islamiste notoire Hassan Al-Tourabi. Il m’a posé la question suivante: “Pensez-vous que les mouvements islamistes peuvent un jour devenir démocrates?” Je lui ai répondu affirmativement à condition qu’ils mettent le Coran au musée. Il approuva ma réponse mais il ajouta: “Il ne faut pas le dire à haute voix, autrement tu risques la tête”.
La religion musulmane a donc créé des conditions matérielles (la contrainte) pour que l’hypocrisie devienne une deuxième nature chez les musulmans, consciemment ou inconsciemment. Mais certains ont tenté de casser les parois de la prison-islam et de dire tout haut ce que beaucoup de musulmans pensent à basse voix. Certains ont payé de leur vie, d’autres se sont évadés et ont préféré vivre hors de la Terre d’Islam où sévit la tyrannie. Mais même ceux-ci ne sont jamais à l’abri des dangers. La tyrannie est comme les microbes, elle ne connaît pas de frontières. Nombreux sont les musulmans échappés de la prison-islam qui préfèrent s’exprimer à visage voilé par peur de leurs ex-religionnaires en Occident qui croient gagner le paradis et ses délices en tuant ces “traîtres”.
Pour casser les parois de la prison-islam, il faut savoir son existence, la dénoncer, aider les prisonniers à s’en évader et leur garantir la liberté d’expression. D’où l’importance d’un livre comme celui-ci.
Sami Aldeeb Abu-Sahlieh
Centre du droit arabe et musulman, Directeur
Dr en droit, Professeur des universités
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