Source: Alain Jean-Mairet n’est pas habilité à réclamer l’expertise. Et le procureur adjoint lui-même affirme qu’il n’a pas le droit, juridiquement, de la rendre publique.
C’est un non sec et sonnant que le procureur adjoint du canton de Fribourg Markus Julmy a adressé à Alain Jean-Mairet, avec copie au spécialiste du droit arabe Sami Aldeeb. Le procureur refuse de communiquer l’expertise sur la fatiha qu’il a commandée à «l’islamologue» Mallory Schneuwly Purdie parce que le dénonciateur n’est pas partie à la procédure (les arcanes du droit sont impénétrables). C’est sur cette expertise pourtant qu’il fonde son ordonnance de classement pour incitation à la discrimination et à la haine. (voir le point d’Alain Jean-Mairet paru hier).
La dénonciation de Jean-Mairet s’appuie sur la brochure « La Fatiha et la culture de la haine » rédigée par Sami Aldeeb, l’un des plus grands connaisseurs du droit arabe. Celui-ci a aussitôt envoyé un message, vendredi, à Markus Julmy pour lui réclamer à son tour cette expertise au motif qu’elle met gravement en cause ses compétences. Il attend la réponse. Elle risque de ressembler comme une sœur à la première.
AJM n’a donc pas le droit d’exiger le document. Mais le procureur, s’il le juge utile, a-t-il lui le droit, juridiquement, de la rendre publique? Réponse de l’intéressé par la voix de sa chargée de presse :«Non, il est impossible de rendre publique cette expertise qui fait partie de la procédure.»
Précision: contrairement à ce que tout un chacun comprend en lisant l’ordonnance, Alain-Jean-Mairet n’est pas habilité à faire recours.
Rappelons que pour argumenter sa décision de classement, Markus Julmy se base sur ces affirmations de Mallory Purdie et Rachid Benzine selon lesquelles le 7e verset «ne vise aucun peuple ou membre d’une communauté religieuse déterminée et ne se réfère donc ni aux juifs, ni aux chrétiens». Ou encore que «les exégèses coraniques sont multiples et extrêmement variées» et «le texte querellé (…) sujet à d’innombrables interprétations». Quant à Sami Aldeeb, il peut retourner à ses études, ses analyses ne contenant «aucun argument scientifique valable». Fallait oser!
Notons enfin que selon le procureur, Jean-Mairet prétend que «le contenu de la Fatiha est propre à inciter à la discrimination raciale ou à la haine». Le dénonciateur n’a évidemment jamais utilisé l’expression «discrimination raciale» vu qu’il ne considère ni les juifs ni les chrétiens comme des races… Contrairement à nombre de musulmans pour lesquels se compter parmi les races est une condition sine qua non pour traiter leurs adversaires de racistes.
Plus de 2000 députés devront donc se contenter de l’étude approfondie d’Aldeeb et des citations de l’ordonnance. Mais certains se demanderont peut-être si la véritable raison du refus de publicité ne serait pas de la part de l’auteure la crainte de voir démonter son savoir scientifique… Ou plus simplement la peur du ridicule.
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