Les interdits alimentaires chez les musulmans 1

Après avoir exposé les interdits alimentaires chez les juifs et les chrétiens, nous présentons ici les interdits alimentaires chez les musulmans.

La position des musulmans constitue un retour presque complet aux interdits juifs, interdits énoncés dans le Coran, les récits de Mahomet et les ouvrages des légistes. Nous exposons ici ces interdits en nous basant notamment sur les ouvrages arabes modernes sunnites. Ces auteurs ne se réfèrent pratiquement jamais aux écrits chiites. Pour les compléter, nous nous sommes référés aussi à des ouvrages chiites lorsque leurs normes diffèrent de celles des sunnites.

Signalons ici que les auteurs musulmans classiques classifient les aliments principalement en différentes catégories:

  •   halal (licite: aliment qu’on peut consommer).

  •   haram (illicite: interdit de le consommer).

  •   mubah (permis: sa consommation est laissée au choix de la personne).

  •   makruh (réprouvable, répugnant: bien que non interdit, il est préférable de ne pas en consommer).

On trouve sur Internet des listes de produits classifiés en halal, haram et mashbuh (suspect). Ces listes disent qu’il faudrait s’abstenir de consommer les produits suspects.

Le principe est la licéité, sans gaspillage

Dieu a mis à la disposition des êtres humains tous les animaux et tous les fruits de la terre pour qu’il puisse s’en servir. Mais il doit éviter le gaspillage.

2:60: Mangez et buvez de ce que vous a attribué Allah.

2:168: Hommes! Mangez ce qui est licite et bon parmi ce qui est sur la terre!

2:172: O vous qui croyez! Mangez ces excellentes nourritures que Nous vous avons attribuées!

6:141: C’est Lui qui a fait croître des jardins, en treilles et non en treilles, les palmiers, les céréales donnant une nourriture variée, les oliviers et les grenadiers semblables ou dissemblables. Mangez de leurs fruits, quand ils produisent! Donnez le droit les frappant, au jour de la récolte, et ne soyez point gaspilleurs, car Allah n’aime point les gaspilleurs!

7:160: Mangez des excellentes nourritures que Nous vous avons attribuées!

20:81: Mangez des nourritures exquises dont Nous vous avons gratifiés! Toutefois ne faites point d’excès en cela, sinon Ma colère s’abattra sur vous!

Il est interdit de tuer un animal licite pour un autre but que de le manger. La chasse pour s’amuser et non pas pour se nourrir est condamnée par les légistes musulmans.

L’interdit est décidé par Dieu

Le Coran insiste sur le fait que l’homme n’a pas le droit de déclarer un aliment illicite. Seul Dieu peut le faire:

5:87: O vous qui croyez! Ne déclarez pas illicites les excellentes nourritures qu’Allah a déclarées licites pour vous.

16:116: Ne dites donc point, à propos de ce que vos bouches profèrent mensongèrement: « Ceci est licite et ceci est illicite », dans le but de forger le mensonge contre Allah. Ceux qui forgent le mensonge contre Allah ne seront pas les Bienheureux.

Ce que Dieu déclare comme illicite est immonde, et ce qu’il déclare comme licite est bon:

7:157: Il leur ordonne le Convenable et leur interdit le Blâmable, qui déclare licites pour eux les excellentes nourritures, et illicites les immondes.

Dieu est libre dans sa décision et il n’est pas comptable de sa décision:

5:1: Licite est pour vous la bête de troupeaux, sauf celles dont énumération vous est communiquée. Ne considérez point comme licite le gibier tué alors que vous êtes sacralisés! Allah décide ce qu’Il veut.

21:23: Il ne Lui est pas demandé compte de ce qu’Il fait alors qu’il leur est demandé compte de ce qu’ils font.

Les interdits des juifs ne s’appliquent pas aux musulmans

Le Coran parle de certains interdits alimentaires en vigueur chez les Arabes avant l’islam, interdits qu’il abroge parce qu’il les considère comme inspirés par le démon:

2:168-169: Hommes! Mangez ce qui est licite et bon parmi ce qui sur la terre! Ne suivez point les pas du Démon! C’est pour vous un ennemi déclaré; il vous ordonne seulement le Mal, la Turpitude et de dire, contre Allah, ce que vous ne savez pas.

6:138-139: Les Impies ont dit: « Voici des troupeaux et une récolte qui sont tabous. Ne s’en nourriront », prétendent-ils, « que ceux que nous voudrons. » Ce sont des chameaux qu’il est illicite de monter et des bêtes de troupeaux sur lesquelles n’est point proféré le nom d’Allah, en forgerie contre Lui. Allah les « récompensera » de ce qu’ils ont forgé. Les Impies ont dit: « Ce qui est dans le ventre de ces bêtes de troupeaux est pur pour nos mâles et illicites pour nos épouses. Si c’est une bête morte, ils se la partagent. »Allah les « récompensera » de ce qu’ils débitent. (voir aussi 5:103; 6:143-144).

Le Coran ne dit rien des interdits alimentaires chez les chrétiens. Mais l’interdiction de la chair d’une bête morte, du sang, et de ce qui a été consacré à un autre qu’Allah dans les versets 2:173, 5:3, 6:145, 16:115 (cités plus loin) est sans doute inspirée du livre des Actes des apôtres (voir Ac 15:28-29 susmentionnés). Une telle formulation ne se trouve pas dans l’Ancien Testament. Le Coran n’a fait qu’y ajouter l’interdiction du porc, soit dans le but de gagner les juifs à sa cause, soit parce que certains chrétiens d’Arabie d’origine juive observaient une telle interdiction. L’interdiction du porc a certainement facilité la conversion de juifs à l’islam, tout comme l’abolition de l’interdiction de manger du porc et l’abolition de l’obligation de la circoncision ont facilité la conversion des païens au christianisme à ses débuts. Ainsi les interdits religieux ont fait l’objet de marchandage subtil.

Le Coran, par contre, s’attarde longuement sur les interdits alimentaires chez les juifs. Il estime qu’avant la révélation de la Torah, tout aliment était licite. Israël (Jacob?) s’est ensuite interdit certains de ces aliments:

3:93: Tout aliment était licite pour les Fils d’Israël, sauf ce qu’Israël s’est déclaré illicite à soi-même avant qu’on fît descendre la Torah

Dieu est aussi intervenu pour interdire aux juifs des aliments pour les punir:

4:160-161: Nous avons déclaré illicites, pour ceux qui pratiquent le Judaïsme, des nourritures excellentes déclarées licites, à l’origine, pour eux, et cela en prix d’avoir été iniques, de s’être tant écartés du Chemin d’Allah, d’avoir pratiqué l’usure qui leur a été interdite, d’avoir mangé le bien des gens au nom du Faux.

6:146: A ceux qui pratiquent le Judaïsme, Nous avons déclaré illicite toute bête à ongles. Des bovins et des ovins, Nous avons pour eux, déclaré illicites les graisses, sauf celle que porte leur dos et leurs entrailles ou ce qui est mêlé aux os. Cette interdiction est la « récompense » de leur rébellion.

On remarquera à cet égard que la Bible ne comporte pas une telle norme. Ailleurs le Coran dit que Dieu n’avait interdit aux juifs que ce qu’il a interdit aux musulmans. S’ils ont ajouté à ces interdits d’autres aliments, c’est par leur propre décision:

16:118: A ceux qui pratiquent le Judaïsme, Nous avons interdit ce que Nous t’avons énuméré tout à l’heure. Nous ne les avons point lésés: ce sont eux qui se sont lésés eux-mêmes.

Les musulmans ne doivent donc pas suivre les interdictions des juifs, mais celles que Dieu leur indique.

Malgré cela, on peut constater que les juifs et les musulmans ont des interdits alimentaires communs, comme c’est le cas pour le porc, la bête morte, le sang et les aliments sacrificiels offerts aux idoles. Certains aliments cependant sont interdits pour les juifs, alors qu’ils sont permis pour les musulmans, comme c’est le cas du lapin et du chameau. Le contraire est aussi vrai, comme c’est le cas du vin permis aux juifs et interdit aux musulmans. D’autre part, les musulmans ne connaissent pas l’interdiction de mélanger la viande au lait. Enfin, les juifs n’admettent pas de manger de la viande d’un animal égorgé par un non-juif, alors que les musulmans, au moins les sunnites, permettent de manger de la viande d’un animal égorgé par un non-musulman à condition qu’il appartienne aux gens du livre.

Pourquoi le Coran rejette-t-il certains interdits juifs alors qu’il en conserve d’autres? Probablement pour ne pas se heurter à des coutumes culinaires arabes. On peut en effet mal imaginer le Coran interdire la consommation de la viande du chameau. La volonté de se démarquer des juifs après avoir échoué dans sa tentative de s’y approcher pourrait aussi avoir joué un rôle. On signalera à cet égard l’interdiction faite au musulman de ressembler au non-musulman. On cite ici un récit de Mahomet qui dit: « Celui qui ressemble à un groupe en fait partie ». On cite aussi les deux versets coraniques suivants:

6:153: Tel est, en toute droiture, mon chemin; suivez-le donc! Ne suivez pas les chemins qui vous éloigneraient du chemin de Dieu.

59:19: Ne ressemblez pas à ceux qui oublient Dieu; Dieu fait qu’ils s’oublient eux-mêmes. Ceux-là sont les pervers.

Certains juristes classiques vont jusqu’à prévoir la peine de mort contre ceux qui ressemblent aux mécréants et refusent de se rétracter.

Le système des interdits alimentaires coraniques pose les juifs comme de mauvais fidèles contrairement aux musulmans qui se rattachent à la religion authentique.

Comme nous l’avons fait pour les juifs, nous donnons dans le prochain article les catégories des aliments interdits et permis chez les musulmans.

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