– Mise à jour le 1er septembre 2019 –
Les références utilisées dans cet article sont disponibles ici :
– Avesta
– History of Zoroastrianism
– L’HISTOIRE RELIGIEUSE DE L’IRAN
– Man’s Religions, John B Noss
Ainsi que d’autres liens qui sont disponibles directement en cliquant sur les mots ou les phrases.
On lit dans le premier verset de la sourate al-Isrâa 17, une allusion à un voyage au cours duquel le prophète aurait été transporté, sur une monture venue du paradis, entre la mosquée de la Mecque et la mosquée de Jérusalem avant de partir dans les cieux pour faire la rencontre de Dieu dans un endroit appelé « Sidrat al-Mountaha ». Selon la tradition islamique, c’est pendant cette nuit que le prophète a reçu l’ordre des prières quotidiennes, qui étaient au nombre de cinquante au début et qui ont été réduites à cinq par la suite grâce au conseil de Moïse que le prophète de l’islam a rencontré au « sixième ciel ». La tradition nous rapporte aussi que cet événement eut lieu trois ans avant l’hégire et peu de temps après le décès de son épouse Khadija.
L’ISRÂA (VOYAGE ENTRE LE MECQUE ET JÉRUSALEM)
Pour les musulmans, la preuve irréfutable qui montre que le voyage nocturne du prophète Mohammad a vraiment eu lieu est la présence, dans le premier verset de la sourate 17, de l’expression fit voyager Son serviteur, de la Mosquée Al-Ḥarām à la Mosquée Al-Aqṣā, « أَسْرَىٰ بِعَبْدِهِ لَيْلًا مِّنَ الْمَسْجِدِ الْحَرَامِ إِلَى الْمَسْجِدِ الْأَقْصَى » mais diverses questions se posent.
Par exemple :
1. Etant donné l’ampleur de l’événement, pourquoi n’y a t-il pas eu d’autres développements dans d’autres versets coraniques plus explicites sur l’événement ? En effet, tous les détails se trouvent dans les exégèses et dans les hadiths.
2. De quelle mosquée al-Aqsa ce verset fait-il mention ? En effet, la mosquée al-Aqşa de Jérusalem n’a été construite que sous le règne du deuxième Calife Omar ibn al-Khattab (et le dôme du rocher sous le règne du Calife Omeyyade Abd al-Malik ibn Marwan).
3. Le mot « serviteur » عَبْدِهِ dans le verset 17:1 fait-il mention au prophète Moḥammad ou bien à une autre personne ?
En effet, la polémique demeure sur un éventuel ajout/changement du verset 17:1 par le Calife Omeyyade Abdelmalik ibn Marwan pour sacraliser la mosquée de Jérusalem aux yeux des croyants. Rappelons qu’à cette époque Jérusalem faisait partie des territoires du Califat Omeyyade mais pas la Mecque qui fut gouvernée par le dessident Abdellah ibn Zoubayr. Le transfert du pèlerinage (al-Haj) de la Mecque vers Jérusalem n’a pas suffit et il y avait des guerres féroces entre les musulmans à cette époque pour le pouvoir politico-religieux. C’est cette même époque qui a connue la révision du Coran par al Hajaj ibn Yousuf Taqafi le général de l’armée du Calife ibn Marwan (d’autres détails sont donnés dans cette vidéo).
Certains islamologues aujourd’hui stipulent que le voyage nocturne serait une légende et que le premier verset de la sourate al-Isrâa17 n’a rien à voir avec le prophète Mohammad et il fait plutôt mention soit à Moïse, soit à Jacob (dont le surnom donné par Dieu est Israël, selon la bible) ou bien aux fils d’Israël (au pluriel).
LA SOURATE 17 S’APPELAIT « FILS D’ISRAËL » AUX TEMPS DU PROPHÈTE
La sourate 17 porte aujourd’hui le nom du « voyage nocturne » ou Isrâa. Mais aux premiers temps de l’islam, cette sourate portait le nom de « Fils d’Israël ». En effet, il y a deux hadiths qui montrent cela. Le premier est rapporté par le compagnon Abdullah ibn Massoud (dans sahih al-Bukhari, hadith No 4994) : « Banou Israël, al-Kahf, Maryam, Taha et al-Anbiyaa font partie des toutes premières sourates du Coran et figurent parmi les plus anciennes que j’ai apprises par cœur ». Le deuxième hadith est rapporté par Aicha et cité dans at-Tirmidhi No 3402 : « Le Prophète ne dormait pas avant de réciter Banou Israël et Zoumar ».
Même aujourd’hui, des éditeurs du Coran dans certains pays musulmans choisissent le nom « bani Israel » pour la sourate 17 comme on peut le voir sur l’image ci-dessous :
LA RIME
Quand on lit la sourate 17 en arabe, on s’aperçoit très vite qu’une rime قافية en « aan » se trouve à la fin de tous les versets et il n’y a que le premier verset qui se termine avec une rime différente !
Une hypothèse stipule que le verset devait originellement se terminer par le mot « nuit » (ليلا), rimant ainsi avec les autres versets de la sourate. Dans ce cas, la deuxième partie du verset serait un ajout postérieur…
Source : Etude de Edouard-M. Gallez et M. Lamsiah intitulée : « Suspicions de manipulation idéologique et codicologie : approche synthétique provisoire »
« SON SERVITEUR » OU « SES SERVITEURS » ; عَبْدِهِ أو عِبَادِهِ
Dans les premiers manuscrits coraniques, il n’y avait pas de lettre « alif » (أ) sur les mots. Par conséquent, le mot « serviteur » // « عَبْدِهِ » pouvait être prononcé à l’origine « serviteurs » (au pluriel) « عِبَادِهِ ». En effet, il y a plusieurs exemples qui montrent que cela est tout à fait possible. Le verset al-Baqara 2:90, qu’on voit sur l’image ci-dessous, montre le mot « serviteur(s) » sur un livre du coran d’aujourd’hui (à droite) et le même verset (à gauche) écrit sur le manuscrit de Samarcande qui est conservé à la bibliothèque de Tachkent en Ouzbékistan. A gauche on voit bien que le mot « serviteur » est au singulier tandis qu’à droite sur le même verset le mot est écrit au pluriel.
Il se peut donc que le mot « serviteur » // « عَبْدِهِ » dans le premier verset de la sourate 17 ait été prononcé au pluriel « عِبَادِهِ » et dans ce cas, les « serviteurs » pouvaient être les fils d’Israël et c’est Moïse qui est le destinataire des paroles de Dieu (dans le verset 17:1).
Ce n’est évidemment qu’une hypothèse, qui peut être fausse, mais il est vrai que dans d’autres versets du coran, Moïse est mentionné dans le cadre d’un voyage nocturne avec son peuple (les fils d’Israël) :
Sourate Dukhan 44:23
« فَأَسْرِ بِعِبَادِي لَيْلًا إِنَّكُم مُّتَّبَعُونَ » ; « Voyage de nuit avec Mes serviteurs; vous serez poursuivis »
Sourate les Poètes 26:52
« وَأَوْحَيْنَا إِلَىٰ مُوسَىٰ أَنْ أَسْرِ بِعِبَادِي إِنَّكُم مُّتَّبَعُونَ » ; « Et Nous révélâmes à Moïse [ceci]: «Pars avec Mes serviteurs, car vous serez poursuivis »
Sourate Taha 20:77
« وَلَقَدْ أَوْحَيْنَا إِلَىٰ مُوسَىٰ أَنْ أَسْرِ بِعِبَادِي فَاضْرِبْ لَهُمْ طَرِيقًا فِي الْبَحْرِ » ; « Nous révélâmes à Moïse: «Pars à la tête de Mes serviteurs, puis, trace-leur un passage à sec dans la mer »
QUAND LA PREUVE DU CÔTÉ LÉGENDAIRE DU « VOYAGE NOCTURNE » EST DANS LA SOURATE 17 ELLE MÊME !
Dans les versets 90 à 93 de la sourate 17, on lit que pour accepter éventuellement de se convertir à l’islam, des mécréants défièrent le prophète de les impressionner avec des miracles comme faire jaillir des ruisseaux en abondance dans le désert, faire tomber le ciel sur leurs têtes ou alors leur montrer qu’il était capable de monter au ciel. Le prophète répondit : « Gloire à mon Seigneur ! Ne suis-je pas qu’un être humain-Messager ? » (verset 17:93).
Par conséquent, le verset 17:1 ne peut pas être une preuve du « voyage nocturne » étant donné que le prophète lui-même dit, qu’en simple mortel, il ne pouvait pas monter au ciel.
سورة الإسراء:93
93. أَوْ تَرْقَىٰ فِي السَّمَاءِ وَلَن نُّؤْمِنَ لِرُقِيِّكَ حَتَّىٰ تُنَزِّلَ عَلَيْنَا كِتَابًا نَّقْرَؤُهُ ۗ قُلْ سُبْحَانَ رَبِّي هَلْ كُنتُ إِلَّا بَشَرًا رَّسُولًا
Verset 17:93 « ou que tu aies une maison [garnie] d’ornements; ou que tu sois monté au ciel. Encore ne croirons-nous pas à ta montée au ciel, jusqu’à ce que tu fasses descendre sur nous un Livre que nous puissions lire». Dis-[leur]: «Gloire à mon Seigneur! Ne suis-je pas qu’un être humain-Messager?» »
LE MI`RÂJ (LE VOYAGE DEPUIS JÉRUSALEM VERS LES « SEPT CIEUX » ET LA RENCONTRE AVEC DIEU)
Cette ascension céleste retrace les étapes du voyage miraculeux qu’aurait effectué le prophète en une nuit, transporté jusqu’au trône de Dieu. Monté sur une créature venue du Paradis, un cheval ailé du nom d’al-Burâq, il est conduit par l’ange Gabriel de la Mecque à Jérusalem où il célèbre la prière, puis, s’élevant à travers les sept cieux, il rencontre les prophètes qui l’ont précédé depuis Adam jusqu’à Ibrâhîm. Il atteint, seul, le trône divin, point extrême de son ascension. Son périple, au retour, l’emmène aux portes de l’enfer et du paradis.
Considéré tantôt comme un miracle tantôt comme une vision, le voyage nocturne du Prophète constitue une vérité absolue pour les croyants musulmans. Ce qui est, en revanche, moins connu chez ces derniers est que ce récit d’ascension au 7e siècle est juste un exemple parmi d’autres récits similaires qui l’ont précédé dans d’autres cultures.
L’ASCENSION CÉLESTE (MI’RÂJ) DANS LA TRADITION JUDÉO-CHRÉTIENNE (المعراج في الثقافة اليهودية و المسيحية)
Dans la culture chrétienne, il n’y a pas que Jésus et Marie qui sont associés à des ascensions célestes. L’ancien testament foisonne d’ascensions ! On peut citer deux grands personnages de la Bible qui, saisis par Dieu, sont emportés vers les cieux.
LE MI’RÂJ DU PATRIARCHE HÉNOK (معراج النبي إدريس)
Hénok, qui est le prophète Idriss chez les musulmans, est un personnage situé entre Adam et Noé, dans la généalogie du livre de la Genèse. On peut lire dans la Genèse 5,23-24 : « Hénok vécut en tout trois cent soixante-cinq ans. Ayant suivi les voies du Dieu, il disparut car Dieu l’avait enlevé. » .
LE MI’RÂJ DU PROPHÈTE ELIE (معراج النبي إلياس)
Dans la bible, le livre des Rois (2 Rois 2,1-15) décrit qu’au lieu de mourir, le prophète Élie (Ilya ou Iliasse en arabe) est emporté au ciel sur un char de feu. D’après la légende, Elie devrait revenir un peu avant la fin des temps pour mourir.
L’ÉCHELLE DE JACOB
Un autre personnage biblique très célèbre est aussi associé à une ascension céleste, bien que celle-ci ne soit réalisée que dans un rêve. Il s’agit de Jacob (le prophète Ya’cob pour les musulmans) et sa fameuse échelle.
L’ASCENSION CÉLESTE (MI’RÂJ) DANS L’EGYPTE DES PHARAONS (المعراج عند الفراعنة)
Dans les Textes des pyramides, qui constituent le corpus religieux le plus ancien découvert à ce jour en Égypte, il y a plusieurs mentions à des ascensions des rois vers le ciel afin de prendre place parmi les étoiles et les dieux. Le corps du souverain est éternel, car tous ses membres sont assimilés à ceux du dieu Atoum. Seul le visage est rapproché du dieu Anubis, le dieu, à tête de chacal, de la préservation du corps :
Ah Néferkarê,
Tu ne peux donc partir mort, puisque tu es parti vivant […]. Ton bras est comme celui d’Atoum, tes deux épaules sont comme celles d’Atoum, ton ventre est comme celui d’Atoum, ton dos est comme celui d’Atoum, ta poitrine est comme celle d’Atoum, tes deux jambes sont comme celles d’Atoum,
et ton visage est comme celui d’Anubis (…)
Textes des Pyramides, Pépy II, Chap.213, §§ 134a, 135a-135b
Claude Carrier, Textes des Pyramides de l’Égypte ancienne, Paris, Cybèle, 2009-2010 (Tome III, p. 1405)
Les textes des pyramides décrivent aussi l’arrivée du Roi vers les portes dans le ciel. Il passe sur une échelle comme Osiris (un dieu du panthéon égyptien ) l’a fait avant lui ou bien via les rayons du soleil. Ce n’est qu’une question de procédure avant que le Roi soit également admis au plus haut cercle des dieux,
§ 1740a-c : « Parole à dire: […] à la porte de la Demeure de l’Âme ; puisses-tu étendre tes mains vers eux quand ils viennent vers toi en s’inclinant ».
§ 751a-b : Parole à dire: Ô N ! Puisses-tu grimper et monter sur la lumière du soleil, car tu appartiens à la demi-lumière qui se trouve dans le ciel polaire.
§ 1252a-f : « Ô Portier du ciel, agis contre ce messager du dieu qui sort ! S’il sort de cette porte occidentale du ciel, utilise pour lui cette porte méridionale du ciel ; s’il sort de cette porte orientale, utilise pour lui cette porte septentrionale du ciel. Le Roi arrive à la porte, par laquelle il est apparemment éclipsé, et déclare qu’il est à la « tête des suivants de Rê ».
D’autres occurrences d’ascensions célestes des Pharaons d’Egypte, extraites des Textes des pyramides, sont détaillées dans un article publié en 1977 dans la revue « The Journal of Near Eastern Studies » par Whitney M. Davis (voir résumé ci-dessous)
L’ASCENSION CÉLESTE (MI’RÂJ) DANS LA MYTHOLOGIE SUMÉRIENNE (المعراج في الميثولوجية السومرية)
En plus de leur transmission orale, les grands mythes mésopotamiens furent aussi écrits sur des tablettes et conservés dans certains temples et palais. La dispersion de ces écritures dans le temps et dans l’espace témoigne de leur importance et de leur popularité. Le mythe qui nous intéresse ici est celui de l’ascension au ciel du roi Etana, roi de la ville Kish qui fut la première ville Mésopotamienne après le Déluge.
N.B. Une vidéo consacrée au déluge sumérien, biblique et coranique est disponible ICI.
Cette légende d’ascension au ciel du roi Etana est connue par de nombreux fragments de tablettes venus de sites différents et conservés aujourd’hui dans les grands musées du monde comme le musée du Louvre ou le British Museum.
La tablette du Louvre, ci-dessus, décrit un récit où le roi Etana tente désespérément d’obtenir un fils pour lui succéder. Le récit met en scène un serpent et un aigle qui se sont juré amitié jusqu’au jour où l’aigle dévore les petits du serpent. En punition, l’aigle est condamné par les dieux à périr au fond d’un trou. Shamash, le dieu de justice, lui envoie Etana, qui consent à le sauver s’il l’aide à se procurer la plante d’enfantement. Alors, sur ses ailes, l’aigle emporte Etana dans les cieux, mais au seuil du monde divin, Etana retombe sur terre, car l’homme ne peut s’élever jusqu’aux dieux !
L’ASCENSION CÉLESTE (MI’RÂJ) DANS LE ZOROASTRISME ( المعراج في الديانة الزرادشتية )
Dans le Zoroastrisme, il y a au moins trois références à des ascensions d’hommes mortels dans les cieux. Cette religion de l’ancien Iran est la plus ancienne des religions monothéistes, elle doit son nom à son prophète Zarathoustra dont le nom a été transcrit Zoroastre par les Grecs (Ζωροάστρης, Zōroastrēs) et زرادشت par les Arabes. En effet, c’est la première de toutes les religions dans l’Histoire humaine, connues aujourd’hui. Elle est centrée autour d’un Dieu unique (ce Dieu est Ahura Mazda) et c’est la toute première qui évoque des concepts comme, par exemple, le jour du jugement dernier, le paradis et l’enfer, etc. À ce titre, elle va inspirer d’une manière significative la religion hébraïque, le christianisme mais surtout l’islam.
Son créateur, Zarathoustra, aurait vécu il y a 3500 ans dans la région où se trouve le Kurdistan iranien et l’Azerbaïdjan actuels. Dans cet espace-temps, l’écriture n’était pas encore maîtrisée et la doctrine Zoroastrienne, à ses débuts, s’est surtout transmise oralement. Avec le développement de l’écriture, les disciples de Zarathoustra transcrivirent sa doctrine dans des textes sacrés appelés Avesta. Mais, du texte d’origine, seul le quart est arrivé jusqu’à nous. En effet, les manuscrits ont été perdus ou détruits une première fois lors de l’invasion d’Alexandre le Grand (IIIe siècle av. J. -C.) qui fit brûler la bibliothèque du palais de Persépolis et une seconde fois lors de l’invasion islamique ordonnée par le Calife Omar ibn al-Khattab (VIIe siècle ap. J. -C.). Malgré tout, l’équivalent d’un millier de pages sont parvenues jusqu’à nous. Parmi ces textes, on peut citer :
– Gathas : Ce sont des hymnes, attribués à Zarathoustra lui-même qui constituent la première partie de l’Avesta et le cœur de la liturgie zoroastrienne. Rédigés en vieil-avestique, ils se décomposent en dix-sept chants.
– Yasna : Ce sont des recueils de textes récités pendant les cérémonies qui portent le même nom.
– Yashts : Ils constituent la source d’informations la plus importante sur le Zoroastrisme.
En ce qui concerne les ascensions célestes, la religion zoroastrienne est très riche de mythes et visions sur-naturelles censées dévoiler aux hommes les secrets des cieux.
L’ASCENSION DE ZARATHOUSTRA (معراج زرادشت)
On lit dans les textes de l’Avesta (Yasna), qu’à trente ans, Zarathoustra pria pour que l’archange Vohu Manah (le mieux gradé des six anges du dieu Ahura Mazda) le bénisse de sa présence (Yasna 44.1). Il ne lui fallut pas attendre longtemps, car Vohu Manah, vint un jour à lui alors qu’il était sur les bords d’une rivière appelée Dâiti. Son désir ardent de rencontrer Vohu Manah s’est accomplit et il aspira par la suite à rencontrer Ahura Mazda lui-même (Yasna 28.6) et à communier avec lui (Yasna 33.6) afin d’avoir une compréhension plus complète de la divinité. Son vœu fut escompté et il se sentit soulevé au-dessus de la terre, et dans ses moments suprêmes d’extase transcendante, il eut la vision béatifique de Mazda (Yasna Y43.5; 45.8.) et reçut la révélation directement de lui à la suite de quoi il créa les bases de sa religion qui furent complétées par d’autres visions.
L’ASCENSION D’ARDA-VIRAF (معراج أردا فيراف)
Un autre récit très connu chez les zoroastriens est relatif à la vision du sage Arda-Viraf أردافيراف. Il est raconté dans cet ouvrage qu’après l’invasion d’Alexandre le Grand en Perse, la croyance en Ahura Mazda s’affaiblit de plus en plus et que les doctrines hétérodoxes se multiplièrent au point de mettre en danger l’existence même de la religion zoroastrienne. Effrayés par cette décadence, les religieux résolurent d’envoyer un des leurs auprès d’Ahura Mazda pour s’enquérir si les cérémonies religieuses telles qu’elles se pratiquaient plaisaient à Dieu. Leur choix tomba sur un homme connu pour sa grande piété, Arda-Viraf, qui ayant bu une coupe de bang (une boisson qui produit sur le système nerveux un effet stupéfiant ou surexcitant) s’endormit durant sept jours. Son âme s’étant immédiatement séparée de son corps fut reçue à la sortie du monde terrestre par deux anges. Après lui avoir fait traverser le pont Cinvat (c’est le droit chemin « الصراط المستقيم » en islam), ils le menèrent devant Ahura Mazda qui leur ordonna de le conduire dans le Paradis puis dans l’Enfer. Après avoir reçu les instructions de la divinité, l’âme d’Arda-Viraf retourna animer le corps resté sur terre.
LA CONVERSION DU ROI VISHTÂSP (كاشتاسب)
C’est une légende qui raconte la conversion du roi Vishtâsp au zoroastrisme, à laquelle était dédié un chapitre entier du canon avestique sassanide. Suivant les conseils d’Ahura Mazda, Zarathoustra se rend à la cour de ce roi pour l’inviter à embrasser la religion Mazdéenne. Après l’avoir convaincu de sa bonne foi en guérissant son cheval alezan préféré, il lui révèle les mystères de la fin du monde en lui administrant un narcotique mélangé à du haoma (un « breuvage d’immortalité » chez les Perses). Il lui prodigue ainsi un enseignement indispensable pour gouverner selon la loi et la volonté d’Ahura Mazda et pour combattre ses ennemis.
L’ASCENSION CÉLESTE (MI’RÂJ) DANS LE MANICHÉISME (المعراج في المانوية)
Le manichéisme est une religion aujourd’hui disparue, dont le fondateur est un Persan qui s’appelait Mani (ou Manès) au IIIe siècle de notre ère. Considéré comme une hérésie chrétienne, elle est en vrai une religion indépendante qui s’appuie sur diverses ressources du christianisme, du zoroastrisme et du bouddhisme. Chaque année, à la fin de février ou au début de mars, au terme d’un jeûne rigoureux d’une trentaine de jours, les disciples de Mani célébraient leur fête majeure, la solennité du Bêma. C’est une fête de deuil et, tout ensemble, de joie. Elle commémore la crucifixion de Mani, mais aussi de l’ascension au ciel qui l’a immédiatement suivie.
PÉGASE DANS LA MYTHOLOGIE GRECQUE : LE VÉRITABLE ANCÊTRE DU BOURAQ ISLAMIQUE ! (أصل بُراق النبي)
Lorsque le héros Persée coupa la tête de la Gorgogne Méduse, le grand Chrysaor surgit avec un cheval ailé du nom de Pégase. Ce nom tire son origine de ce « qu’il était né aux bords des flots d’Océan ». Pégase serait donc né aux sources « pégai » de l’Océan, à l’extrême occident, là où habite Méduse. Prenant aussitôt son essor vers la montagne d’Olympe, Pégase se rendit dans le palais du Dieu Zeus qui lui donna pour mission d’être « coursier du tonnerre », c’est à dire de porter la foudre et les éclairs (البَرْق).
De monture de héros, Pégase devient le compagnon du roi des dieux. En dernier hommage, Zeus décide de le changer en étoiles pour qu’il reste à jamais dans le ciel qu’il a tant parcouru… Une constellation, qui porte son nom, est née !
Origine du mot « Bouraq » dans la tradition islamique
Revenons à la tradition islamique, Le mot « Bouraq » est de la même famille linguistique que le mot arabe برق qui signifie « éclair ». En effet, ibn Mandhûr dans son lexique « lissan al-Arab » (9e siècle), écrivit ceci au sujet d’al-Bouraq :
« والبراق : دابة يركبها الأنبياء – عليهم السلام – مشتقة من البرق », qui signifie : « al-Bouraq est une monture des messagers de Dieu et son nom est dérivé de l’éclair (la foudre)« .
On voit donc clairement le rapprochement entre le Bouraq islamique et Pégase le coursier de l’éclair !
LES REPRÉSENTATIONS ET L’IMPACT CULTUREL DU BOURAQ… DE PÉGASE
Il existe une série de pièces de monnaie antiques, Grecques, Gauloises et Romaines qui représentent Pégase. En époque moderne, on voit le cheval ailé sur les billets de banque avant l’arrivée de l’euro en Italie. Voici quelques exemples :
CHOLLIMA OU LE BOURAQ NORD-CORÉEN
Selon la légende nord-coréenne, Chollima est le symbole de la vitesse et du progrès. C’est un cheval ailé qui pouvait parcourir des centaines de kilomètres par jour et était indomptable. Chollima a plusieurs statues dans la capitale nord coréenne, Pyongyang , comme on peut le voir sur les photos ci-dessous.
Et enfin, les représentations du Mira’j et du prophète sur son « bouraq » ont toujours orné les livres de la tradition islamique, comme on le voit ci-dessous dans cet ouvrage conservé à la Bibliothèque Nationale de France : « Voyage Nocturne du Prophète, Mir Haydar, Mira‘j-nameh, Herât (Afghanistan), 1436. »
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