Le Coran dit:
Le faux ne l’atteint ni par devant lui ni par derrière lui. Une descente de la part d’un sage, d’un louable (41:42).
Un Coran arabe, sans tortuosité. ~ Peut-être craindront-ils! (39:28)
Il est difficile pour un croyant musulman, qu’il soit érudit ou ignorant, d’accepter que le Coran puisse contenir des erreurs de quelque nature qu’elles soient. C’est un postulat qu’aucun musulman ne saurait mettre en doute, car cela abolirait l’origine divine du Coran et saperait l’ensemble de l’islam et des sociétés fondées sur des bases religieuses. Ceux qui nieraient ce postulat seraient considérés comme apostats passibles de la peine de mort. Quiconque tombe sur une faute dans le Coran l’attribue à des déficiences dans son esprit et non au Coran. Un musulman s’accuse lui-même plutôt que d’accuser le Coran. C’est ce qui a poussé les musulmans à ne pas modifier l’orthographe du Coran afin de l’adapter à l’orthographe usuel, et à ne pas introduire de signes de ponctuation modernes, car cela signifierait une transition vers un meilleur texte que le texte actuel et une mise en question de la perfection de Dieu, prétendu auteur du Coran.
En général, le croyant survole le texte du Coran, sans scruter son sens ou sa structure. Il est convaincu que le texte vient de Dieu et qu’il ne peut en aucun cas y avoir de déficience ou d’erreur. Alors pourquoi se fatigue-t-il? Et cela ne lui viendrait même pas à l’esprit.
Le Coran dit à propos de Dieu:
Dieu n’est pas questionné sur ce qu’il fait, mais ils seront questionnés (21: 23).
L’exégèse d’Al-Azhar commente ce verset comme suit:
On ne peut pas demander des comptes à Dieu, et on ne le questionne pas sur ce qu’il fait, parce qu’il est unique en honneur et en autorité, le sage et le savant, et donc il ne peut se tromper. Les gens en revanche sont responsables de leurs actes et on leur demande des comptes à propos de ce qu’ils font, parce qu’ils se trompent à cause de leur faiblesse, leur ignorance et leur soumission aux passions.
L’exégèse d’Al-Zamakhshari (un Mutazilite favorisant le recours à la raison!) dit:
La coutume veut que les rois et les hommes puissants ne soient pas questionnés sur leurs actions et leurs ordres, par respect et crainte, malgré le fait qu’ils soient exposés à l’erreur. À plus forte raison le Roi des rois et le Maître des maîtres qui les a créés et qui pourvoit à leur survie ne saurait être questionné sur ses actions, vu qu’il est évident pour la raison que tout ce qu’il fait est fait par sagesse, et il n’est nullement possible qu’il puisse se tromper ou commettre des fautes.
Contrairement au croyant, le chercheur estime que chaque texte, quelle que soit sa sainteté pour ses adeptes, est un texte humain susceptible d’erreur que ce soit sur le plan de la forme que sur le plan du contenu. En ce qui concerne les erreurs linguistiques, le chercheur examine le Coran comme s’il s’agissait d’un livre de mathématiques ou de physique. Il ne regarde pas le contenu, mais plutôt l’exactitude de la langue dans laquelle ce livre a été écrit. Certaines erreurs du Coran ont été corrigées par des variantes. Mais ces variantes ont parfois aggravé la situation, d’autant plus que certains mots du Coran ont plus de dix variantes avec des sens contradictoires. Il y a ceux qui voient que les variantes font partie de la révélation, en vertu du récit selon lequel le Coran a été révélé en sept lettres (expression dont le sens est équivoque). Ce n’est qu’une ruse pour ne pas admettre qu’il y a des erreurs dans le Coran. Le Coran entre les mains des musulmans et dans les mosquées ne comprend pas ces variantes. Et si l’on corrigeait le Coran sur la base de ces variantes, les pays arabes et musulmans n’autoriseraient pas sa publication, et cela serait considéré comme une altération punissable du Coran. Le lecteur intéressé trouve ces variantes dans mes traductions et mon édition arabe du Coran, et dans aucune autre traduction ou édition du Coran.
Les erreurs peuvent être classées en plusieurs types: erreurs morales, scientifiques (telles que les erreurs médicales), historiques, géographiques, mathématiques et linguistiques. Dans notre livre en arabe intitulé « الأخطاء اللغوية في القرآن Les erreurs linguistiques dans le Coran », ainsi que dans notre édition arabe du Coran, nous nous sommes concentrés sur ce genre d’erreurs en raison de leur lien avec les traductions que nous avons effectuées. Nous comprenons le mot «langue» dans le sens du terme grec: logos, terme qui désigne le mot particulier et le discours. Lorsque nous parlons d’erreurs linguistiques dans le Coran, nous ne nous limitons pas aux erreurs grammaticales, mais nous abordons tout ce qui concerne la formulation du discours. Nous avons divisé ces erreurs en 11 types:
1) l’utilisation de mots ou de phrases ambigus
2) les fautes d’orthographe
3) les différentes lectures et erreurs de transcription
4) l’utilisation de mots dans un sens erroné
5) la construction défectueuse des éléments du discours
6) les erreurs grammaticales, notamment l’énallage
7) les contradictions
- contradictions des normes
- contradictions des récits
8) les répétitions et les redondances
9) les pertes et les lacunes
- ce qui est perdu du Coran et ce qui n’en fait pas partie
- les lacunes du Coran
10) la dislocation du texte
11) la disjonction erronée des versets et l’absence de signes de ponctuation modernes.
Le nombre des erreurs linguistiques du Coran dans ces différents types s’élève à plus de 2500 erreurs, que je mentionne de manière simple et brève en marge de mon livre susmentionné et de mon édition arabe du Coran, avec leurs liens autant que possible, en m’appuyant notamment sur les exégèses du Coran. Les personnes intéressées par plus d’explications peuvent se référer à ces exégèses. Pour autant que je sache, il n’existe aucun autre livre complet spécialisé dans les erreurs linguistiques du Coran, alors que l’on trouve une pléthore de livres sur la syntaxe du Coran qui expriment le point de vue de ceux qui sacralisent le texte coranique. Nous ne prétendons pas être exhaustifs ou infaillibles dans ce que nous avons fait, et tout notre espoir est que nos observations soient des signaux sur le chemin et le début d’un travail plus large des chercheurs. C’est une question qui mérite d’être étudiée et approfondie, en toute neutralité, en donnant les différents points de vue.
Nous soulignons ici que découvrir des erreurs linguistiques n’est pas une tâche facile, soit à cause du caractère sacré du texte, soit par accoutumance, soit à cause de la présentation des éditions arabes sans ponctuation et sans séparation des paragraphes. La meilleure façon de trouver des erreurs est de comparer les exégèses et les traductions du Coran. Si les exégètes et les traducteurs diffèrent entre eux, c’est la preuve que le texte pose un problème. Comme le dit la sagesse populaire: « Si les voleurs se querellent, les objets volés apparaissent. » C’est ma méthode pour découvrir les erreurs du Coran, en comparant un grand nombre de traductions du Coran en français, italien et anglais lors de ma traduction du Coran dans ces langues, et un grand nombre d’exégèses notoires. J’ai fait référence à ces exégèses dans les notes.
Nous allons dans les prochaines vidéos développer les 11 types d’erreurs, en commençant par le premier type d’erreurs, à savoir l’utilisation de mots ou de phrases ambigus.
Pour que mes auditeurs occidentaux se rendent compte du problème que je soulève ici, je leur suggère de demander à leurs interlocuteurs arabes et musulmans: combien de professeurs oseraient dire qu’il existe des erreurs dans le Coran? Et quel serait leur sort dans les pays arabes et musulmans? À titre de test, même si la réponse est évidente: Aucun Professeur n’oserait le dire, et s’il le dirait, il serait mis à mort.
Sami Aldeeb, dr en droit
Directeur du Centre de droit arabe et musulman https://www.sami-aldeeb.com
Traducteur du Coran en français, en anglais et en italien par ordre chronologique
Voir ses écrits: https://www.sami-aldeeb.com/livres-books
Comments are closed.