Entre l’islam de la Mecque et l’islam de Médine

Nous lisons dans le Coran:
La religion auprès de Dieu est l’Islam (3 : 19).
Quiconque recherche une religion autre que l’Islam, elle ne sera pas acceptée de lui, et il sera, dans la [vie] dernière, au nombre des perdants (3 : 85).
Ce jour, j’ai complété pour vous votre religion, et j’ai accompli ma grâce envers vous. J’agrée l’islam comme religion pour vous (5 : 3).

Les deux premiers versets donnent l’impression qu’il y a une religion islamique clairement définie qui doit être suivie. Cependant, le troisième verset montre que la religion islamique n’est devenue complète qu’après un certain temps, et qu’auparavant elle était en voie de développement. Certains pensent que ce verset est le dernier verset révélé dans le Coran alors qu’il fait partie du chapitre portant le numéro 112 dans l’ordre chronologique du Coran (qui compte 114 chapitres), chapitre suivi par le chapitre 113, l’un des plus durs du Coran et qui contient le fameux verset du sabre: “Une fois écoulés les mois interdits, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Prenez-les, assiégez les et restez assis aux aguets contre eux. Si ensuite ils sont revenus, ont élevé la prière et donné l'[aumône] épuratrice, alors dégagez leur voie. Dieu est pardonneur et très miséricordieux” (9 : 5). Ce verset a abrogé un grand nombre de versets tolérants du Coran, y compris le verset “Nulle contrainte en religion” (2 : 256).

Celui qui examine la biographie du Prophète Mahomet et l’ordre chronologique des chapitres du Coran y constate la présence de différentes phases comme c’est le cas avec tout être humain. Mes pensées aujourd’hui diffèrent de mes pensées quand j’étais jeune. Et ce n’est pas pour rien que les juristes musulmans distinguent entre les chapitres mecquois du Coran (révélés à la Mecque avant 622) et les chapitres médinois (révélés à Médine après 622). Mais malheureusement la publication usuelle du Coran (classant les chapitres plus ou moins par ordre de longueur) crée une confusion entre les deux, ce qui rend difficile l’observation des différences entre eux. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de traduire le Coran et de l’éditer en arabe par ordre chronologique (téléchargez l’édition arabe https://www.sami-aldeeb.com/articles/view.php?id=315, et commandez ici la traduction française). En fait, la différence entre le Coran révélé à la Mecque (avant 622) et le Coran révélé à Médine (après 622) est aussi grande que la différence entre le ciel et la terre, non seulement dans le style, mais aussi dans le contenu. Et il ne serait pas exagéré de dire que l’islam de la Mecque diffère totalement de l’islam de Médine, et la personnalité de Mahomet a complètement changé après avoir quitté la Mecque en 622 pour Médine devenant ainsi chef militaire, coureur de femmes et sanguinaire.

L’observateur des musulmans d’aujourd’hui découvre différentes catégories. Il y a des musulmans paisibles, des musulmans terroristes et des musulmans qui oscillent entre les deux. Chacune de ces catégories prétend représenter le vrai Islam, rejetant les autres. Je n’ai le droit de disqualifier aucune de ces catégories. Chacune de ces catégories a le droit de se dire musulmane. Mais on peut dire que le musulman paisible suit l’islam de la Mecque, le musulman terroriste suit l’islam de Médine, et celui qui oscille doute entre les deux islams. Celui qui prétend que l’islam est une religion de paix a raison, et celui qui prétend que l’islam est une religion terroriste a aussi raison, mais vous devrez dire de quel islam s’agit-il: l’Islam de la Mecque, ou l’islam de Médine. Le problème des musulmans aujourd’hui est qu’ils confondent sans cesse entre l’islam pacifique de la Mecque et l’islam terroriste de Médine. Cette confusion provient du manque de visibilité dont ils disposent, notamment en raison de l’édition usuelle du Coran qui confond entre le Coran de la Mecque et le Coran de Médine. Celui qui suit un guide désordonné, il est normal qu’il soit lui-même désordonné. Pour cette raison nous insistons sur la nécessité d’abandonner l’édition usuelle du Coran, de retirer du marché les copies existantes et de les remplacer par le Coran par ordre chronologique.

Afin de sortir les musulmans de leur problème, le penseur soudanais Mahmoud Muhammad Taha (surnommé le Gandhi de l’Afrique)  leur a proposé dans son fameux livre “Le deuxième message de l’Islam” (original arabe ici, traduction anglaise à lire ici, traduit en français: Un Islam à vocation libératrice, à commander ici) d’adopter l’islam et le Coran de la Mecque et d’abandonner l’Islam et le Coran de Médine. Ceci conduirait à l’abandon de toutes les dispositions contraires aux droits de l’homme qui se trouvent dans l’islam et le Coran de Médine dont les sanctions (mise à mort de l’apostat, lapidation de l’adultère, amputation de la main du voleur, etc.), les discriminations contre les femmes et les discriminations contre les non-musulmans. Mais cet appel de Mahmoud Muhammad Taha a été catégoriquement rejeté par l’Azhar et les autres institutions religieuses musulmanes qui ont ameuté contre lui les autorités soudanaises. Celles-ci ont fini par le condamner à mort par pendaison le 15 janvier 1985.

Voir mon livre Mahmud Muhammad Taha: Mahmud Muhammad Taha entre le Coran mecquois et le Coran médinois, Createspace (Amazon), Charleston, 2018, 146 pages Amazon.fr

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