Nous avons vu deux modèles de rituels non sanglants de circoncision pratiqués parmi les juifs opposés à la circoncision masculine. Nous produisons ici le rituel ordinaire, sanglant, que les juifs pratiquent en général.
Lorsque l’enfant est amené dans la salle pour la circoncision, tous les assistants se lèvent et disent:
Barouch ha-ba.
Ceci signifie: béni soit celui qui vient. Ce salut de bienvenu est inspiré du verset: “Béni soit au nom de Yahvé celui qui vient” (Ps 118:26). Il a été répété par la foule qui accueillait Jésus entrant à Jérusalem (Mt 21:9) avant sa passion. Il ne s’adresse pas à l’enfant mais au prophète Élie que les assistants imaginent entrer pour participer à la circoncision.
Tous les assistants restent debout pendant tout le rituel. Ceci évoquerait le passage biblique selon lequel tout le peuple était resté debout lorsque le roi Josias leur lisait le texte de la Torah (II R 23:3).
Si le mohel (circonciseur) n’est pas le père, celui-ci peut déclarer qu’il délègue au mohel le pouvoir de circoncire son fils et lui confie le couteau. Cette déclaration chez les réformés peut être dite par le père et la mère. Le mohelprend l’enfant de celui qui l’amène et dit:
Le Saint, qu’il soit béni, dit à Abraham: “Marche en ma présence et sois parfait” (Gn 17:1). Je suis prêt et je veux accomplir le commandement de pratiquer la circoncision comme le Créateur, béni soit-il, nous a prescrit.
Si c’est le père qui circoncit, il dit:
Je suis prêt et je veux accomplir le commandement de circoncire mon fils comme le Créateur, béni soit-il, nous a prescrit conformément à ce qui est écrit dans la Bible: “Quand ils auront huit jours, tous vos mâles seront circoncis, de génération en génération” (Gn 17:12).
Chez les réformés, ce dernier texte peut être lu par le père et la mère. Le moheldépose l’enfant sur la chaise d’Élie et dit:
Celle-ci est la chaise d’Élie, que Dieu s’en souvienne en bien. “En ton salut j’espère, ô Yahvé” (Gn 49:18). “J’attends ton salut, Yahvé; tes commandements, je les suis” (Ps 119:166). J’attends ton salut, Yahvé. “Joie pour moi dans ta promesse, comme à trouver grand butin” (Ps 119:162). “Grande paix pour les amants de ta loi, pour eux rien n’est scandale” (Ps 119:165). “Heureux ton élu, ton familier, il demeure en tes parvis” (Ps 65:5). Celui-là habite dans ton parvis.
Les assistants répliquent:
“Rassasions-nous des biens de ta maison, des choses saintes de ton Temple” (Ps 65:5).
Le mohel met l’enfant sur les genoux du sandak (serveur de l’alliance) et prononce cette bénédiction avant de procéder à la circoncision:
Sois béni Seigneur notre Dieu, roi du monde, qui nous as sanctifiés par tes commandements et nous as prescrit la circoncision.
Le mohel pratique alors la circoncision en coupant le prépuce et la doublure du prépuce. Entre les deux, le père de l’enfant ou, à défaut, le sandak prononce cette bénédiction:
Sois béni Seigneur notre Dieu, roi du monde, qui nous as sanctifiés par tes commandements et nous as prescrit de faire entrer cet enfant dans l’alliance d’Abraham notre père.
Les assistants disent:
Comme il est entré dans l’alliance, ainsi qu’il entre encore dans la Bible, le mariage et les bonnes œuvres.
Après avoir dénudé le gland, le mohel prend une coupe de vin et dit:
Sois béni Seigneur notre Dieu, roi du monde, qui nous as créé le fruit de ce vin. Sois béni Seigneur notre Dieu, roi du monde, qui as sanctifié ton bien-aimé [Abraham] du ventre de sa mère et as mis ta loi dans sa chair et marqué ses descendants du sceau de la sainte alliance. De ce fa
it, ô Vivant, notre part et notre rocher, ordonne pour que ce bien-aimé de notre chair soit sauvé de la fosse à cause de l’alliance [d’Abraham] qui a été mise dans notre chair. Sois béni Seigneur qui as établi une alliance. Notre père et père de nos pères, garde cet enfant à son père et sa mère et que son nom en Israël soit “tel fils de tel”. Fais que son père se réjouisse de celui qui est issu de lui. Fais que sa mère se réjouisse du fruit de son ventre comme il est écrit: “Ton père et ta mère seront dans la joie, et dans l’allégresse, celle qui t’a enfanté” (Pr 23:25), et comme il est écrit: “Je passai près de toi et je te vis, te débattant dans ton sang. Je te dis, quand tu étais dans ton sang: Vis” (Ez 16:6).
Le mohel prend alors du vin dans sa bouche et accomplit la mezizah (succion du pénis) dont nous avons parlé dans un autre article. Cette pratique est accomplie aujourd’hui dans certains milieux par des tubes et autres instruments pour éviter la contamination. Ensuite le mohel met une goutte de vin dans la bouche de l’enfant avec son doigt et passe le reste à sa mère pour qu’elle le boive. Chez les réformés, le vin est bu par le père et la mère. Après avoir mis une goutte de vin dans la bouche de l’enfant, le mohel dit:
“Il se rappelle à jamais son alliance, parole promulguée pour mille générations, pacte conclu avec Abraham, serment qu’il fit à Isaac” (Ps 105:8-9). Il est écrit: “Abraham circoncit son fils Isaac, quand il eut huit jours, comme Dieu lui avait ordonné” (Gn 21:4). “Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour” (Ps 118:1). Que cet enfant grandisse et comme il est entré dans l’alliance, ainsi qu’il entre encore dans la Bible, le mariage et les bonnes œuvres.
Ensuite le mohel se met debout et dit:
Maître du monde, que ta volonté soit de regarder celui-ci et de l’accepter selon ta volonté comme si je l’avais présenté en sacrifice devant le trône de ta gloire. Par ta grande miséricorde, envoie avec tes saints anges un esprit saint et pur à (tel) qui a été circoncis en ton nom grandiose. Fais que son cœur soit grand ouvert comme le vestibule qui mène à l’intérieur de ton Temple. Qu’il soit ouvert à ta sainte Bible afin qu’il apprenne et enseigne, qu’il observe [tes commandements] et agisse. Celui qui bénit Abraham, Isaac et Jacob qu’il bénisse ce tendre enfant qui a été circoncis et le guérisse. Que son père ait l’honneur de le faire entrer dans la Bible, le mariage et les bonnes œuvres. Disons: Amen.
Les assistants disent:
Sur nous aussi.
Avant de placer l’enfant dans son berceau, on peut lire la prière suivante:
“Que Yahvé te bénisse et te garde! Que Yahvé fasse pour toi rayonner son visage et te fasse grâce! Que Yahvé te découvre sa face et t’apporte la paix!” (Nb 6:24-26).
Ensuite on peut réciter un paragraphe du psaume 119 qui correspond au nom de l’enfant. Ce psaume est divisé en paragraphes selon l’alphabet hébraïque. Les parents expliquent ensuite aux assistants le sens du nom donné à l’enfant.
Un mohel-médecin dit qu’en cas de circoncision d’un majeur, les prières doivent être récitées après avoir couvert les organes sexuels de l’homme car il ne convient pas de prononcer le nom de Dieu pendant qu’ils sont découverts.
Pendant la cérémonie de la circoncision l’enfant reçoit un nom hébreu en évocation du changement du nom d’Abram en Abraham (Gn 17:5). On retrouve cette pratique dans la nomination de Jean Baptiste (Lc 1:59-60) et de Jésus (Lc 2:21) le jour de leur circoncision. On retrouve cependant aussi dans la Bible la nomination du nouveau-né le jour de sa naissance. Si l’enfant tarde à être circoncis pour des raisons de santé, il reçoit le nom hébreu avant la circoncision. S’il meurt avant le 8ème jour, il est circoncis et nommé avant de l’enterrer pour qu’il puisse être pris en compte le jour de la résurrection et reconnaître ses parents dans l’au-delà.
Les juifs portent souvent deux prénoms: un prénom qui figure sur le registre de l’état civil pour l’usage externe, et un prénom juif pour l’usage rituel et dans le cadre de la famille. Le jour de la circoncision, l’enfant reçoit un prénom hébreu ajouté au prénom hébreu de son père: Joseph fils d’Abraham. Si le père n’est pas juif, on ajoute au prénom du fils celui de sa mère juive: Joseph fils de Rébecca. Les filles reçoivent leur prénom une semaine après leur naissance dans le cadre d’une prière qui a lieu à la synagogue.
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