Circoncision: Religions monothéistes contre l’humanité de l’enfance jusqu’à la tombe

Les normes religieuses censées assurer une dignité à l’être humain ont été utilisées par les autorités religieuses juives, chrétiennes et musulmanes pour diviser les humains. Cette division se constate dès l’enfance avec le marquage physique, notamment la circonci­sion. Elle s’étend au lit conjugal avec l’interdiction d’épouser un membre d’une autre communauté. Elle se poursuit jusqu’à la tombe, en refusant l’inhumation près d’un mécréant.

Ces divisions ont amené l’humanité à des conflits religieux à tra­vers les siècles. Ceux qui ne partagent pas la foi de la communauté étaient honnis individuellement et collectivement. Des bûchers ont été dressés partout dans le monde pour purifier l’âme du mécréant en brûlant son corps, et ces bûchers, sous une forme ou une autre, ne sont pas prêts de s’éteindre. Les guerres de religion ont semé la destruction et la désolation tout au long de l’histoire, et ces guerres continuent encore aujourd’hui au Proche-Orient et ailleurs.

Afin de limiter ces comportements jugés indignes de l’être humain, des efforts ont été entrepris, au niveau philosophique, politique et juridique, pour garantir la liberté religieuse et pour que l’apparte­nance religieuse ne soit pas une cause de discrimination indivi­duelle et de guerre. Parmi ces efforts, la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, adoptée à la suite des affres de la Deuxième Guerre mondiale, occupe une place de choix. Elle af­firme que “tous les êtres humains naissent libres et égaux en di­gnité et en droits” (article 1), que “chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés… sans distinction aucune, no­tamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion…” (article 2 al. 1), que “toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion” (article 18), et qu’ “à partir de l’âge nubile, l’homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier” (article 16 al. 1).

En ce qui concerne la division au niveau de l’enfance, la Déclara­tion universelle, tout en affirmant la liberté religieuse, n’a pas osé toucher au marquage physique, pratiqué notamment chez les juifs et les musulmans. En effet, aucun article ne prévoit expressément le droit à l’intégrité physique. Et encore aujourd’hui les Nations Unies et l’Organisation Mondiale de la Santé, tout en rejetant la circoncision féminine, refusent catégoriquement de condamner la circoncision masculine. Ce faisant, ces documents internationaux participent aux crimes contre les enfants.

En ce qui concerne la division au sein du lit conjugal, la Déclara­tion universelle l’a supprimée en prônant le droit au mariage sans distinction sur la base de la religion. Malgré cela, les communautés religieuses, notamment juive et musulmane, connaissent toujours l’empêchement au mariage fondé sur des motifs confessionnels et tentent de l’appliquer chaque fois que cela est possible, que ce soit sur le plan familial ou étatique.

En ce qui concerne la division dans la tombe, la Déclaration uni­verselle n’en parle pas. L’effort déployé par les Nations Unies et les États membres à combattre la discrimination religieuse s’arrête net au seuil de la tombe. Après la mort, chaque communauté religieuse donne libre cours à ses penchants discriminatoires en dressant des barrières entre les croyants et les mécréants. Les juifs, les chrétiens et les musulmans affirment à cor et à cri qu’ils sont tolérants et s’adonnent aux accolades les plus chaleureuses dans les rencontres inter-religieuses, mais devant la mort ils se trahissent par leurs sentiments intolérants. Toutes ces belles déclarations et ces beaux gestes fondent comme neige au soleil. Mais peut-on réellement ré­concilier les vivants sans réconcilier les morts?

En Suisse, le législateur a tenté en 1874 de brider les penchants sé­grégationnistes des communautés religieuses en inscrivant dans la Constitution qu’ “aucun empêchement au mariage ne peut être fondé sur des motifs confessionnels” (article 54 al. 2) et que “le droit de disposer des lieux de sépulture appartient à l’autorité civile. Elle doit pourvoir à ce que toute personne décédée puisse être enterrée décemment” (article 53 al. 2). Dans une déclaration de foi, le Conseil fédéral dit:

Nous n’avons jamais manqué l’occasion de faire observer que cette division du cimetière en deux parties, suivant les confessions, pouvait devenir une source de discorde et de mécontentement et qu’un cimetière commun, sans distinction de confession, était certainement le système le plus conforme à l’égalité des citoyens et le meilleur de tous pour tempérer les contrastes religieux dans la vie.

Un projet de loi a même été préparé en 1880 en vue de la suppres­sion des lieux de sépulture confessionnels, projet dont nous avons produit la version intégrale. Le Conseil fédéral y a renoncé, espé­rant que les communautés religieuses reviendront d’elles-mêmes à la raison avec le temps. Mais si les communautés catholique et protestante ont su dépasser leurs clivages religieux dans les cime­tières en supprimant les barrières entre les tombes, la communauté juive a continué d’exiger que les tombes de ses adeptes soient sépa­rées de celles des non-juifs. Et aujourd’hui cette exception en fa­veur des juifs est en train de faire tache d’huile avec la venue de la communauté musulmane qui réclame à son tour que les tombes des musulmans soient séparées des tombes des mécréants. Certains cantons ont déjà cédé à la pression et d’autres se préparent à le faire. D’autres communautés religieuses se pressent au portillon pour demander des exceptions similaires pour leurs membres. Et demain, pourquoi pas, les catholiques réclameront leurs vieux ci­metières et refuseront de se faire enterrer près des protestants. Ainsi, on est en train de diviser la société à partir des cimetières.

Ces manifestations ségrégationnistes, reflet de pensées malsaines, sont contraires à l’égalité des humains dans la vie comme dans la mort. Si, en tant que catholique, je refuse de m’asseoir à table près d’un musulman ou d’un juif, je serai traité de raciste et je serai condamné en vertu de la Loi contre le racisme. Pourquoi donc ce qui m’est interdit de mon vivant serait-il permis à ma mort? N’est-ce pas aussi du racisme que de refuser d’être enterré près de quel­qu’un qui ne partage pas ma foi? De ce fait, nous estimons que les cimetières confessionnels violent la Loi contre le racisme.

Bien plus grave, la revendication musulmane d’avoir un cimetière ou un carré réservé exclusivement à eux pour que leurs tombes ne côtoient pas les tombes des mécréants n’est que le prélude à d’au­tres revendications qui commencent à surgir dans les écrits de mu­sulmans suisses. Parmi ces revendications, nous citerons notam­ment la reconnaissance de l’islam comme une des religions offi­cielles de la Suisse, le voile et la séparation entre garçons et filles à l’école, la modification des programmes scolaires pour les adapter aux normes islamiques, l’application de la loi islamique en matière de droit de famille (répudiation, polygamie, interdiction du mariage d’une femme musulmane avec un non-musulman, inégalité successorale entre hommes et femmes), la création de tribunaux particuliers pour les musulmans avec des juges musulmans en matière de droit de famille, l’autorisation de l’abattage rituel des animaux et la circoncision des garçons et des filles. Et si on reconnaît aujourd’hui aux musulmans le droit d’avoir leurs propres cimetières en vertu du principe de la liberté de religion et de culte, on voit mal comment on pourrait leur refuser demain les autres revendications du moment qu’elles se rattachent aussi à la liberté de religion et de culte. Ainsi la communauté musulmane deviendra progressivement, notamment avec la croissance fulgurante du nombre de ses membres, un État dans l’État, menaçant à la longue le système juridique et politique de la Suisse, voire son unité nationale et territoriale. Ce même problème se posera aussi dans d’autres pays occidentaux où vivent des communautés musulmanes importantes.

Il est donc grand temps que la Confédération reprenne en main la question des cimetières et adopte le projet de loi de 1880 en vue de la suppression de tous les lieux de sépulture confessionnels. D’autre part, nous estimons que la Confédération doit mettre l’incinération sur un pied d’égalité avec l’enterrement, en exigeant que les cantons accordent une incinération gratuite là où cela n’est pas encore le cas, afin que les morts n’encombrent pas les vivants par leurs tom­bes.

Mahomet affirme: “Lorsque quelqu’un meurt, ses actes cessent, à l’exception d’une aumône continue, d’une science utile et d’un en­fant juste qui prie pour lui”. Ce ne sont donc pas les ossements qui honorent l’être humain mais ses bons actes. Que l’on soit enterré ou incinéré, on retournera tous, tôt ou tard, à la terre. C’est la seule vé­rité incontournable. Et si résurrection il y aura, – à chacun sa foi -, “Dieu est capable, en vue de la résurrection des corps, de rappeler toutes les parcelles de notre corps dévorées par les bêtes, consu­mées par le feu, dissoutes en poussière ou cendres, décomposées dans de l’eau ou évaporées dans l’air”, comme le dit Saint Augus­tin. Cette opinion est partagée tant par les juifs et les chrétiens que par les musulmans.

Mettons donc un terme à nos vanités et à nos pensées malsaines et acceptons-nous les uns les autres, tant vivants que morts.

Voir mon livre Cimetière musulman en Occident: Normes juives, chrétiennes et musulmanes, Createspace (Amazon), Charleston, 2e édition, 2012, 140 pages Amazon.fr

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