La circoncision féminine est appelée au Soudan encore aujourd’huicirconcision pharaonique. Les Soudanais estiment que la conquête égyptienne avait amené cette pratique dans leur pays. Mais Fayyad, un médecin égyptien, rejette un tel mensonge qui diffame les anciens égyptiens. Il ajoute:
La circoncision féminine n’a pas été connue des Égyptiens du temps des pharaons dont la civilisation a veillé à honorer la femme, non seulement comme reine gouvernante, mais aussi comme déesse adorée. J’ai passé des dizaines d’années en étudiant des centaines de livres et de sources sur les pharaons et en examinant les papyrus médicaux qui ont traité toutes les maladies des femmes et leurs médicaments. Je n’y ai trouvé aucune trace de la circoncision féminine […]. Il reste cependant à relever que le lien fallacieux entre les pharaons et la circoncision féminine pourrait provenir de la période de la décadence de l’Égypte soumise aux conquêtes étrangères venues de l’Afrique. Et il est normal que certaines coutumes de ces conquérants soient transférées en Égypte, dont la circoncision féminine.
Hosken dit que les archéologues ont trouvé des momies tellement bien conservées au point qu’on peut établir qu’elles ont subi non seulement la clitoridectomie, mais aussi l’infibulation.
Il n’existe aucune gravure qui peut confirmer de manière explicite la pratique de la circoncision féminine en Égypte. Mais nous disposons de trois documents tardifs qui affirment que l’Égypte a connu cette pratique.
Le 1er document en date est un papyrus de l’an 163 av. J.-C. rédigé en grec. Il contient une pétition adressée à un gouverneur de Memphis de la part d’un reclus et mendiant au Serapeum nommé Harmais, afin que ce gouverneur remédie à une fraude dont il a été victime. Selon cette pétition, une fille nommée Tathemis, rattachée aussi au Serapeum, avait gagné de l’argent en mendiant d’une porte à l’autre. Elle a pu en épargner 1300 drachmes, qu’elle a confiées à Harmais. La mère de Tathemis, nommée Nephoris, est venue alors trouver Harmais et lui a dit que sa fille était désormais en âge où il était d’usage de pratiquer la circoncision, âge auquel la fille est considérée comme une femme et avait besoin d’habits convenables et de douaire en vue d’un possible mariage. Elle est parvenue donc à convaincre Harmais de lui remettre le dépôt de sa fille, en promettant de le lui rendre avec un surplus si la circoncision n’a pas eu lieu dans un court délai. Mais la mère a failli à sa promesse, et Tathemis a demandé à Harmais de lui restituer son argent. Embarrassé, l’infortuné reclus se plaint de ne pas pouvoir quitter sa cellule en sûreté pour entrer en ville, et prie le gouverneur de l’aider à récupérer l’argent de Nephoris.
Le 2ème document est de Strabon. Celui-ci écrit:
Un autre usage spécial aux Égyptiens, et l’un de ceux auxquels ils tiennent le plus, consiste à élever scrupuleusement tous les enfants qui leur naissent et à pratiquer la circoncision sur les garçons et l’excision sur les filles. Il est vrai que cette double coutume se retrouve aussi chez les juifs; mais ainsi que nous l’avons dit plus haut, en décrivant leur pays actuel, les juifs sont originaires d’Égypte.
Le 3ème texte est de Philon. Celui-ci écrit:
Les Égyptiens, d’après leur coutume régionale, c’est à l’âge de quatorze ans, quand le mâle commence à prendre du sperme et les règles de la femme à couler, qu’ils circoncisent le pubère et la nubile. Mais le législateur sacré a imposé la circoncision seulement aux mâles pour de nombreux motifs, dont voici le premier: plus que la femme, l’homme est sensible au plaisir et veut se marier et il y est plus préparé, c’est pourquoi à juste titre le législateur a laissé la femme et, par le symbole de la circoncision, a mis obstacle aux impulsions excessives de l’homme. En second lieu, c’est pour que la matière des règles qui s’écoulent se présente pour le fœtus, mais l’homme apporte l’art et la cause; ainsi, parce que l’homme apporte davantage et ce qui est plus nécessaire pour que la génération se produise, c’est à juste titre que le législateur met obstacle à son orgueil sous la forme imagée de la circoncision. Mais l’élément matériel, parce qu’il est inanimé, n’éprouve pas d’orgueil.
La circoncision féminine a été maintenue après la conversion des Égyptiens au christianisme et à l’islam.
Le médecin de la cour de Byzance, Aetius d’Amida (6ème siècle) nous fournit une description détaillée de cette pratique chez les Égyptiens:
Le clitoris de certaines femmes grandit et devient indécent et honteux, mais aussi excitable par le frottement aux habits et pousse au désir de la copulation. Pour cette raison, les Égyptiens ont décidé de l’enlever, spécialement lorsque les filles sont prêtes à se marier. La chirurgie est accomplie comme suit: la fille est assise sur un tabouret, maintenue fermement par un jeune homme solide se tenant derrière elle […]. L’opérateur saisit le clitoris avec une pince dentée, le tire avec sa main gauche et le coupe avec les dents de la pince.
On a demandé à Anba Athanasius, évêque de Qus en Égypte de la fin du 13èmesiècle, si la circoncision féminine est autorisée. Il a répondu: elle n’est pas autorisée, ni avant ni après le baptême”.
Malgré cela, elle a continué à être pratiquée par les coptes d’Égypte. Dans son rapport de voyage entre 1768 et 1772, James Bruce nous fournit des détails int
éressants concernant les tentatives des missionnaires catholiques d’interdire cette pratique en Égypte. Il écrit:
Quand les prêtres catholiques romains allèrent prêcher en Égypte, ils ne manquèrent pas de soutenir leurs missions en accordant des avantages temporels, et en faisant de petits dons à leurs prosélytes suivant leurs besoins. Mais, croyant que l’excision des femmes coptes était une coutume judaïque, ils défendirent, sous peine d’excommunication, qu’on y assujettit les enfants des gens qu’ils avaient convertis. On leur obéit; et les jeunes filles qu’on avait exemptées de l’opération, étant arrivées à l’âge de puberté, eurent une difformité si visiblement monstrueuse, qu’elle rebutait les hommes et arrêtait la population. Ainsi les nouveaux catholiques, trop sûrs de trouver dans les femmes de leur religion une chose pour laquelle ils avaient une aversion invincible, préféraient épouser des hérétiques, que l’excision avait affranchies de leur difformité naturelle, et par ce moyen ils retombaient bientôt dans l’hérésie.
Les missionnaires, voyant bien alors que le nombre de leurs prosélytes ne pouvait jamais s’accroître beaucoup, et que la prohibition d’une coutume nécessitée par le climat s’opposait à leur succès, en firent part au collège de la Propagande à Rome. Les cardinaux prirent la chose à cœur comme elle le méritait; et ils envoyèrent en Égypte des chirurgiens habiles pour examiner les choses et leur en faire part. Ces chirurgiens déclarèrent, à leur retour, que la chaleur du climat, ou quelque autre cause naturelle, produisait sur les bords du Nil une dilatation si considérable dans la partie la plus secrète de la femme, et si différente de ce qu’on voit ailleurs, qu’il n’y avait pas de doute que cela n’inspirait du dégoût aux hommes, et ne s’opposât au dessein pour lequel le mariage a été institué. Le collège de la Propagande permit alors l’excision, à condition que la jeune fille qui s’y soumettait, déclarerait, ainsi que ses parents, qu’elle ne suivait point cette coutume pour se conformer aux lois judaïques, mais bien pour ne pas contredire l’objet du mariage. Il fallait que la difformité dont on se plaignait fût détruite par toute sorte de moyens. Aussi, depuis ce temps-là, les catholiques d’Égypte, aussi bien que les coptes, sont fidèles observateurs de l’excision; et sitôt que les jeunes filles ont atteint l’âge de sept ou huit ans, les femmes la leur font subir, en se servant pour cela d’un couteau ou d’un rasoir.
De nos jours, les coptes essaient de lutter contre la circoncision féminine en invoquant deux raisons. La 1ère est qu’elle n’est pas mentionnée dans les livres sacrés. La deuxième: ses méfaits sur la santé.
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