Les Mormons baptisent les morts pour assurer leur salut éternel. Des juifs et des musulmans circoncisent les morts pour les rendre purs avant de les enterrer dans leurs cimetières respectifs.
Selon l’Ancien Testament, le non circoncis est impur. Il ne peut donc être enterré dans le cimetière des juifs. Et si un juif est mort sans être circoncis, des rabbins procèdent à sa circoncision après sa mort, avant de l’enterrer. Cela s’applique même au fœtus né mort ou avorté. Selon une légende juive, Abraham s’assoira le jour du jugement dernier à la porte de l’enfer et empêchera toute personne circoncise d’y aller.
Le problème s’est posé avec les juifs soviétiques qui ont émigré en Israël et y meurent sans être circoncis. Le Jerusalem Report du 9 septembre 1993 écrit:
Le ministre des affaires religieuses a dévoilé que partout en Israël les sociétés d’enterrement circoncisent les cadavres avant de les enterrer, sans l’autorisation des familles des morts. La majorité des décédés était composée d’immigrés de l’ex-Union soviétique. Alors que les responsables des sociétés d’enterrement et le grand rabbin séfarade Mordechai Eliahu se sont exprimés en faveur de cette pratique, le grand rabbin ashkénaze Yisrael Lau dit que le rabbinat n’impose de force la circoncision ni sur les vivants ni sur les morts.
Ce problème a été aussi soulevé à la Knesset en 1998. Le Jerusalem Post du 16 juillet 1998 écrit que cette question a fait l’objet d’une rencontre agitée concernant des rapports selon lesquels “quelques sociétés d’enterrement circoncisent des immigrés juifs décédés avant de les enterrer”. Le comité de la Knesset chargé de l’immigration et de l’intégration a demandé au grand rabbinat que cela n’ait lieu que sur approbation de la famille du décédé.
Les membres laïcs de la Knesset ont vu dans cette pratique “la dernière en matière de coercition religieuse”. Le dirigeant du parti Meretz Yossi Sarid, membre de la Knesset, a dit: “Je suis seul responsable de mes organes sexuels. Moi seul et personne d’autre. L’establishment religieux ne contrôle pas seulement nos vies, mais aussi nos morts”. Ophir Pines, du parti du travail, a qualifié la circoncision posthume d’acte “perverti et maladif” et “une forme d’adoration des idoles”. Il a demandé de ne plus renouveler la patente des sociétés d’enterrement qui pratiquent de telles circoncisions sans l’autorisation du décédé ou de sa famille.
Yitzhal Vaknin, du parti Shas, a justifié une telle opération: “Pourquoi objectez-vous contre la circoncision, mais quand nous parlons d’une opération d’enlèvement du cœur, des poumons et autres organes vous n’y voyez pas de problèmes?” Des membres religieux de la Knesset ont dit: “La circoncision posthume n’est pas pire que de faire des autopsies” – contre lesquelles ils objectent.
Le porte-parole du ministère des affaires religieuses a dit que “les circoncisions sans permission étaient des incidents isolés, et que les sociétés d’enterrement étaient averties contre une telle pratique”. Mais il a ajouté: “Selon la halacha, il est interdit d’enterrer une personne incirconcise parmi les juifs, et les incirconcis sont habituellement enterrés dans des cimetières pour des juifs qui ne se conforment pas à la halacha”.
Le Daily Telegraph rapporte, concernant ce débat, les propos du conseiller du ministère des affaires religieuses israéliennes selon lequel “des circoncisions posthumes sont pratiquées de façon routinière”. Il a ajouté: “De même que nous ne demandons pas aux familles si elles veulent qu’on coupe les ongles du décédé, on ne devrait pas leur demander à propos de la circoncision. Cette dernière est pratiquée en conformité avec la halacha en tant qu’acte de vraie bienveillance envers le mort”.
Un circonciseur juif orthodoxe explique que tout enfant né vivant qui meurt sans être circoncis, doit l’être avant d’être enterré afin d’enlever son prépuce qui constitue une honte pour lui. Et si une personne a été enterrée sans être circoncise, elle sera déterrée pour en supprimer le prépuce, à moins que le corps se soit décomposé. La règle vaut aussi pour l’enfant né mort ou avorté. Et si l’enfant est retiré du ventre de sa mère par morceaux, il faut alors rechercher son pénis et le circoncire. Au cas où l’enfant était dans un état embryonnaire, il faut le circoncire si on peut apercevoir son pénis.
On retrouve la même idée chez les musulmans. Certains juristes classiques se sont posé la question s’il ne fallait pas circoncire un musulman décédé resté incirconcis. La majorité répond par la négative pour trois raisons:
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– La circoncision est une atteinte à la pudeur du mort.
– La circoncision est sans utilité après la mort puisque l’objectif de la circoncision est la purification en vue de la prière et du pèlerinage.
– Le mort retrouve son prépuce après sa mort au paradis, autant donc le lui laisser.
D’autres juristes classiques estiment qu’il faut distinguer entre l’enfant et l’adulte. Seul ce dernier est soumis à la circoncision parce qu’il était durant sa vie obligé de se circoncire. Son prépuce est déposé dans le linceul.
Les auteurs musulmans modernes estiment qu’il ne faut pas circoncire le musulman s’il meurt incirconcis. Mais la pratique semble être différente. Ainsi, Sonnen signale que les bédouins près du Lac de Génésareth en Palestine circoncisent l’enfant décédé incirconcis, même s’il est âgé d’un seul jour. La circoncision est faite par le cheikh qui procède à l’enterrement. Mohammed Kacimi rapporte un fait réel dans son roman Le mouchoir: un pied-noir d’Orléanville, communiste et maquisard, a souhaité, une fois mort, être enterré au cimetière musulman. Après son décès, certains musulmans ont menacé de déterrer leurs défunts si on leur imposait la présence d’un incirconcis. La solution a été trouvée par un simple coup de ciseaux, faisant sauter la partie tant incriminée. Purifiée, la dépouille a été admise sans histoire au carré musulman.
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