Cimetières: pourquoi les musulmans réclament des cimetières séparés?

Les musulmans refusent de se mélanger dans les cimetières avec les mécréants. Ce refus est motivé principalement par une conception particulière de la vie après la mort et par le mépris qu’ils ont envers les mécréants, partant du Coran et des récits de Mahomet, les deux sources du droit musulman.

Au début de la communauté musulmane, les musulmans enter­raient leurs morts dans la maison (comme ce fut le cas de Maho­met), près des maisons, dans le désert ou dans des cimetières communs. Mahomet a désaffecté des tombes des mécréants pour y créer sa propre mosquée. Par la suite, les légistes musulmans classiques ont estimé qu’il est possible de transformer un cimetière mécréant en un cimetière musulman, mais à condition que les tom­bes soient désaffectées et que les ossements des mécréants soient mis dans un autre lieu que le cimetière. En revanche, ces légistes interdisent de transformer un cimetière musulman en un cimetière pour les mécréants. Ils justifient cette différence de traitement par le fait que les morts mécréants ne bénéficient pas d’immunité et de respect, contrairement aux morts musulmans. Ils ont interdit aussi d’enterrer un musulman dans le cimetière des mécréants (à moins d’être désaffecté) tout comme ils ont interdit au mécréant d’être enterré parmi les musulmans.

Pour comprendre la désaffection du cimetière mécréant avant de pouvoir y enterrer des musulmans, et l’interdiction d’enterrer un musulman auprès d’un mécréant, il faut avoir à l’esprit la croyance musulmane relative à la vie après la mort.

Se basant sur des versets coraniques et des récits de Mahomet, les musulmans croient que l’âme du mort reste dans le corps pendant sept jours. Dès que le corps du mort est installé dans la tombe et que les gens qui l’ont enterré s’éloignent – le mort entend leurs pas selon Mahomet -, deux anges noirs, appelés Munkir et Nakir, ayant des yeux brillants comme des chaudrons de cuivre et des canines comme des cornes de bœufs, se présentent à lui et commencent la question durant les sept jours: “Que pensais-tu de Mahomet?” Le croyant répond: “J’atteste que Mahomet est le serviteur de Dieu et son messager”. Les deux anges lui montrent alors la place qu’il au­rait occupée en enfer et qui est échangée contre une place au para­dis, et ils élargissent sa tombe de tous les côtés pour qu’il soit à l’aise. Le mort sent alors une immense joie qui perdure à jamais.

Les deux anges posent la même question au mécréant. Celui-ci ré­pond: “Je ne connais pas Mahomet. Je n’en disais que ce que disent les gens”. Sur ce, les deux anges frappent le mécréant avec un marteau en fer entre ses oreilles; le mécréantpousse alors un cri si fort que ses voisins l’entendent, sauf ceux qui sont très sourds. Les deux anges ouvrent ensuite la porte de l’enfer et montrent au mécréant les différents instruments de supplice. Le mécréant est alors pris d’une peur immense. Les deux anges lui ouvrent aussi la porte du paradis pour lui montrer la place qu’il aurait pu occuper et qui désormais est échangée par une place en enfer. La tombe du mécréant devient alors comme une fosse de feu et se rétrécit, mettant le mécréant mal à l’aise. Mahomet affirme à cet égard que “la tombe est soit un des jardins du paradis, soit une des fosses de l’enfer”.

En plus de la croyance dans la souffrance de la tombe, les musul­mans croient que les âmes des morts se rencontrent déjà dans la tombe comme se rencontrent les vivants sur la terre. Chaque âme recherche l’âme qu’elle aime. Dès qu’un nouveau mort vient vers eux, les morts l’accueillent et lui posent des questions à propos des vivants et de leurs connaissances. Ils se saluent entre eux comme les vivants, suivent les nouvelles de ceux qui sont restés sur la terre et même rendent les saluts des vivants. On rapporte à cet effet que Mahomet saluait les morts lorsqu’il passait près de leurs tombes en prétendant qu’ils l’écoutaient. On indique aussi que les vivants peu­vent communiquer avec les morts dans le sommeil et engager des discussions entre eux.

Avec de telles croyances eschatologiques fortement ancrées dans la mentalité des musulmans, on comprend aisément qu’ils refusent d’enterrer leurs morts à côté des mécréants, sauf lorsqu’il n’est pas possible de les transférer dans un pays musulman. Ibn-Qayyim Al-Jawziyyah (d. 1351) écrit que les tombes des non-musulmans ne doivent être proches ni des maisons des musulmans ni de leurs tombes parce qu’elles constituent un lieu de châtiment et de colère. Elles ne doivent pas être dans le même lieu que celui de la miséri­corde, celui des musulmans, parce que cela porte préjudice à ces derniers. Il cite à cet égard Mahomet qui aurait dit: “Je suis quitte de tout musulman qui est avec un polythéiste”.

Hasan Khalid, le mufti du Liban, tout en estimant qu’il ne faut pas transférer un mort d’un pays à un autre, dit que Mahomet a ordonné aux musulmans de se faire enterrer parmi des gens justes parce que les morts subissent un préjudice en étant près d’un mauvais voisin exactement comme les vivants. Mahomet prescrit aussi: “Si l’un de vous meurt, mettez-le dans un bon linceul, hâtez-vous à exécuter son testament, faites-lui une tombe profonde et évitez qu’il soit près d’un mauvais voisin”.

Les musulmans, occupant des pays déjà habités par des non-mu­sulmans, ont laissé à ces derniers leurs cimetières et le soin d’enter­rer leurs morts selon leurs propres normes. Les légistes musulmans classiques interdisent à un musulman de laver un non-musulman, de l’enterrer ou de l’accompagner à la tombe, fût-il son propre père, à moins qu’il n’y ait pas de mécréant pour s’en occuper. Il ne doit en aucun cas prier pour lui. Le Coran stipule: “Ne prie jamais pour l’un d’entre eux quand il est mort, ne t’arrête pas devant sa tombe. Ils ont été incrédules envers Dieu et son Prophète et ils sont morts pervers” (9:84).

La séparation des cimetières a fait l’objet de fatwas de la Commis­sion de fatwa égyptienne. Une fatwa de 1962 dit qu’il est interdit de donner aux coptes une partie d’un cimetière consacré à l’enterre­ment des musulmans pour que les coptes puissent y être enterrés. Ce cimetière doit être consacré à perpétuité aux musulmans.

Que faire si une femme chrétienne meurt enceinte des oeuvres d’un homme musulman, comment doit-elle être enterrée et dans quel cimetière?. Elle n’est pas enterrée dans le cimetière des musulmans parce qu’ils souffrent de son châtiment, ni dans le cimetière des mécréants parce que l’enfant souffre de leur châtiment. Un légiste dit qu’elle sera enter­rée dans le cimetière des musulmans comme si elle était une caisse pour le fœtus. D’autres estiment qu’elle sera enterrée sur la bordure du cimetière des musulmans.

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