Dans un précédent article, j’ai mentionné le penseur égyptien Nasr Abu-Zayd que la Cour de cassation égyptienne avait séparé de sa femme sur plainte des intégristes musulmans et qui a dû fuir l’Egypte avec sa femme et s’installer aux Pays-Bas par crainte de se faire assassiner.
J’ai le triste devoir de vous annoncer son décès survenu le 5 juillet 2010. Je vous donne ici l’information publiée par Reuter. C’est une perte immense pour les libéraux musulmans et pour tous les défenseurs de la liberté dans le monde. Je consacrerai prochainement un billet à sa pensée et à son combat. À sa femme, à sa famille et à ses amis, je présente mes sincères condoléances.
Ils ne passeront pas!
LE CAIRE, 5 juillet (Reuters) – Le penseur égyptien Nasr Abu-Zayd, qualifié d’apostat pour s’être opposé aux positions traditionnelles de l’islam, est mort lundi à l’âge de 66 ans dans un hôpital du Caire.
Son approche critique et libérale de l’enseignement de l’Islam avait suscité la colère de plusieurs traditionalistes musulmans en Egypte dans les années 1990 alors que le gouvernement du président Hosni Moubarak était confronté à des activistes islamistes armés.
Abu-Zayd dénonçait notamment l’utilisation de la religion pour arriver au pouvoir. Il estimait que le Coran était un texte à la fois religieux et littéraire, une position qui allait à l’encontre des enseignements islamiques selon lesquels le livre sacré est une révélation finale de Dieu.
« Je suis anti-dogme », avait-t-il dit à Reuters en 2008. « C’est une interprétation créée par les humains et je ne pense pas que j’aille à l’encontre de la religion en contestant ce dogme ».
« Je suis convaincu d’être un musulman. Ce que je crains le plus, c’est que des gens en Europe me considèrent et me traitent comme quelqu’un qui critique l’Islam. Ce n’est pas le cas. Je ne suis pas un nouveau Salman Rushdie, et je ne veux pas être salué et traité comme tel. Je suis un chercheur », avait-il déclaré à un hebdomadaire.
En 1995, un tribunal de la charia avait qualifié Abu-Zayd de renégat de l’islam, annulant son mariage et le condamnant à l’exil.
Abu-Zayd et sa femme s’étaient alors installés aux Pays-Bas où il avait reçu plusieurs menaces de mort. Il était revenu en Egypte ces denières années pour des conférences et plus récemment pour des raison de santé.
(Alastair Sharp, Maroua Aouad et Mohamed Abdellah; Marine Pennetier pour le service français)
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